Cet article traite de la qualité de la présence du soignant lors de l'accompagnement spirituel du patient. La spiritualité qui intéresse l'auteure dépasse la cadre strict de la religion et n'est pas limitée à la dimension de fin de vie. Elle définit la spiritualité en faisant appel à l'étymologie (du latin spiritus, -us : le souffle) qui nous apprend que la spiritualité nous aide à respirer, et donc à vivre. L'auteure développe sa réflexion autour des trois composantes irréductibles de notre condition humaine : finitude, solitude et incertitude que nous devons apprendre à apprivoiser au cours de la vie. De ce point de vue, soignant et soigné se trouvent côte à côte face aux grandes questions humaines. L'accompagnement spirituel du sujet en quête de sens, demande de la part de l'équipe soignante un forme de lâcher-prise par rapport à l'idéal médical. Il doit plutôt être à côté de lui, dans un lien d'humanité, "prêt à naviguer sur les eaux de l'incertitude et du non-faire". Elle propose quelques pistes quant aux formes que peuvent prendre un soin spirituel. Certains propositions relèvent de la posture (pleine présence, incertitude assumée,..) d'autres passent par des pratiques (toucher relationnel, méditation, aromathérapie, snoezelen, art-thérapie, bibliothérapie, etc). Elle met en évidence l'importance du silence, de la respiration et de la voix dans l'échange. L'auteure met en garde contre les pièges de la préméditation, du projet et pose les conditions d'une 'juste présence' lors du soin spirituel : accueillir ce qui vient, être ouvert à sa propre spiritualité et surtout une autodiscipline pour ne jamais penser à la place de l'autre.