IntroductionL’angiodermite nécrotique est un ulcère douloureux, difficile à contrôler et cicatriser, et qui n’a pas de prise en charge consensuelle. La littérature est relativement pauvre sur cette pathologie et ne permet pas d’appréhender clairement sa prise en charge. Le but de cette étude était d’évaluer les modalités de prise en charge de l’angiodermite nécrotique en France.Matériel et méthodesUn questionnaire a été adressé entre décembre 2019 et février 2020 à tous les membres du groupe « Angiodermatologie » de la Société française de dermatologie et auprès des médecins prenant en charge les plaies chroniques en France. Seule une réponse par centre était prise en compte, sauf s’il y avait différents services qui géraient l’angiodermite nécrotique dans le même hôpital. Le questionnaire comprenait des données sur les médecins, leur service et leur prise en charge de l’angiodermite nécrotique : examens, traitements locaux et généraux spécifiques et non spécifiques.RésultatsQuarante-quatre centres ont répondu. Les examens complémentaires pour le bilan de l’angiodermite nécrotique les plus réalisés étaient : le Doppler artériel des membres inférieurs (89 %), la mesure de l’indice de pression systolique (84 %), et le Doppler veineux des membres inférieurs (60 %). Un bilan auto-immun était réalisé dans 27 % des centres, et une biopsie cutanée dans 20 %. Le principal traitement utilisé en première intention était la greffe cutanée en pastilles (98 %). Les autres traitements utilisés étaient : les dermocorticoïdes (58 %), la thérapie par pression négative (16 %), l’électrostimulation (16 %) et l’autohémothérapie (14 %), l’iloprost (11 %). L’ajout d’un antiagrégant plaquettaire était réalisé dans 19 % des centres et le switch de traitement anticoagulant (AVK vers AOD) dans 19 %.Discussion et conclusionLes résultats montrent que le bilan de l’angiodermite nécrotique comprend essentiellement la recherche d’une artériopathie associée. La prise en charge de l’angiodermite nécrotique en France est disparate. La greffe cutanée est le principal traitement utilisé en première intention. Toutefois, de nouvelles thérapeutiques comme l’électrostimulation, l’auto-hémothérapie, et l’iloprost sont de plus en plus utilisés comme traitement de deuxième intention, et mériteraient d’être évaluées. Cette disparité de prise en charge pourrait aussi inciter à la rédaction d’un référentiel afin d’harmoniser la prise en charge de cette pathologie.