IntroductionLe rôle des médicaments dans la survenue d’éruptions eczématiformes du sujet âgé (EESA) a été suggéré dans une étude cas-témoin française montrant une fréquence de prise des inhibiteurs calciques de 26 % chez les patients ayant une EESA (OR de 2,5 par rapport aux témoins sans eczéma). Ces résultats ont ensuite été confirmés par une étude rétrospective américaine. Des cas isolés d’EESA ont depuis été rapportés avec le clopidogrel, les IEC, les ARAII et les diurétiques. Notre étude initiale ayant été réalisée il y a 15 ans, nous en avons réalisé une nouvelle pour réévaluer l’association entre les prises médicamenteuses et les EESA.Matériel et méthodesCette étude rétrospective a été conduite dans 16 centres du GREAT, FISARD ou DAG de 2018 à 2020. Nous avons comparé la fréquence des 10 classes médicamenteuses les plus prescrites entre la population étudiée (patients de plus de 65 ans développant un eczéma chronique sans cause identifiée) et la population générale de référence du même âge dont les données ont été obtenues grâce à l’Échantillon Généraliste des Bénéficiaires (EGB) issu de la base informatique de la Sécurité Sociale, après standardisation indirecte sur le sexe et l’âge. Tous les patients inclus avaient des lésions eczématiformes étendues (plus de 20 % de la surface corporelle), depuis plus de 3 mois. Une biopsie cutanée évocatrice d’eczéma devait avoir été réalisée ainsi qu’une immunofluorescence directe négative ou des anticorps BPAG 1 et 2 négatifs afin d’éliminer une pemphigoïde au stade pré-bulleux. Les patients n’avaient pas d’antécédent de dermatite atopique dans l’enfance.RésultatsCent quatre vingt cinq patients (120 H et 65 F) d’âge moyen 79,5 ± 7,5 ans ont été inclus. L’hypertension artérielle représentait la comorbidité la plus fréquente (69,7 % des patients). Les patients prenaient en moyenne 5,0 ± 3,2 médicaments. Les médicaments les plus fréquemment prescrits étaient les inhibiteurs calciques (39,5 %), les statines (36,8 %), les antiagrégants plaquettaires (31,9 %), les bêtabloquants (30,8 %), les ARA2 (29,2 %), les diurétiques thiazidiques (23,8 %), les IEC (22,7 %), les IPP (21,6 %), les diurétiques de l’anse (17,8 %) et les benzodiazépines (15,1 %). Un ou plusieurs médicaments étaient arrêtés chez 60 (32,4 %) patients. Parmi eux, 31 (51,7 %) ne présentaient plus de lésion à 6 mois. L’analyse comparative par rapport à l’EGB est en cours.DiscussionLes caractéristiques des patients concordent avec celles observées dans notre étude précédente, en particulier la prédominance masculine et la polymédication. La fréquence de prise des inhibiteurs calciques (39,5 %) est encore plus élevée (× 1,5) que dans notre étude initiale confirmant le très fort risque lié à cette classe médicamenteuse. La comparaison avec les données de l’EGB (analyse en cours avec résultats prévus prochainement) permettra peut-être de mettre en évidence une association avec d’autres classes médicamenteuses.