Infection et lésions cutanées angiomateuses.
Auteurs : Janier M1La survenue de lésions angiomateuses cutanées au cours d'une infection n'est pas un phénomène banal. La plupart des maladies infectieuses éruptives s'accompagnent d'un exanthème. L'association infection-lésions angiomateuses restreint le propos aux bartonelloses et à la maladie de Kaposi. Les bartonelloses: ensemble des infections dues à des alpha protéobactéries du genre Bartonella. - Bartonella bacilliformis (BB), est responsable de la maladie de Carrion dont la forme cutanée chronique (verruga peruana), transmise par un arthropode de l'espèce Lutzomyia en Amérique du Sud, comporte des nodules cutanés angiomateux, superficiels et profonds. Une involution spontanée survient après quelques mois ou années. - Bartonella henselae (BH) et Bartonella quintana (BQ) sont responsables de l'angiomatose bacillaire (AB), décrite en 1983 et associant des papules ou des nodules angiomateux ressemblant à des botryomycomes à une atteinte viscérale. Le diagnostic repose sur un aspect histologique évocateur (avec mise en évidence de bacilles par la coloration de Warthin-Starry) et sur l'isolement de la bactérie dans différents tissus (dont les hémocultures). L'AB survient le plus souvent, mais non exclusivement chez des patients infectés par le VIH. BH est en outre responsable de la maladie des griffes du chat tandis que BQ provoque la fièvre des tranchées. Le réservoir de BH est le chat. - Les bartonelles produisent des facteurs angiogéniques responsables de la néovascularisation observée dans les lésions angiomateuses. - Le diagnostic différentiel se limite aux botryomycomes et à la maladie de Kaposi. - De nombreux antibiotiques sont efficaces contre les bartonelles, plutôt chloramphénicol et pénicilline pour BB, plutôt macrolides, cyclines et fluoroquinolones pour BH et BQ. La maladie de Kaposi (MK) : qu'elle soit classique, endémique ou épidémique (associée au VIH), la MK se traduit par des lésions cutanées et viscérales angiomateuses associant une double prolifération tumorale (endothéliale et cellules fusiformes) de siège multifocal, soumise à des facteurs de croissance angiogéniques (PDGF, FGF, IL6, TGFα, tat du VIH, androgènes) et fortement liée à la présence d'un gamma herpès virus à tropisme lymphocytaire et endothélial (HHV8, Chang et Moore 1994). Le HHV8, dont la transmission sexuelle est probable, est également responsable de lymphomes des cavités et de la maladie de Castleman. L'évolution de la MK est très variable, de la forme indolente survenant chez des sujets âgés VIH- aux formes explosives des immunodéprimés (particulièrement chez les patients VIH+).