Le rejet chronique est la cause la plus importante de perte de greffons rénaux après la première année. Nous avons réalisé à partir de notre cohorte de 471 patients transplantés entre 1985 et 1992, une étude cas-témoins appariés sur la date de transplantation, comparant 66 patients présentant un rejet chronique à 66 ayant une fonction rénale normale. L'influence de paramètres immunologiques (transfusions, immunisation anti-HLA, antécédent de transplantation, nombre d'incompatibilités HLA, nombre de rejets aigus, immunosuppression) et non immunologiques (âge et sexe du donneur et du receveur, infections à cytomégalovirus, nécrose tubulaire aiguë immédiate, temps d'ischémie froide) comme facteurs de risque de rejet chronique a été étudiée par une analyse statistique uni- et multivariée. La moyenne de suivi est de 43,9 mois chez les patients en rejet chronique et de 78,3 mois chez les témoins. Les facteurs de risque de RC en analyse univariée sont: l'âge du donneur à 45 ans (p = 0,05), l'âge du receveur < 40 ans (p = 0,008), les infections à cytomégalovirus (p = 0,03), les épisodes de rejet aigu (p = 0,009), l'antécédent de transplantation (p = 0,002). En analyse multivariée les facteurs de risque de RC sont: les rejets aigus (p = 0,01) avec un odds-ratio de 3,5 pour le deuxième rejet aigu (IC à 95%: 1,3 à 3,9) et de 6,6 pour le troisième rejet aigu (IC à 95%: 1,5 à 29,4), l'âge du donneur > à 45 ans (p = 0,03) avec un odds-ratio de 3,5 (IC à 95%: 1,1 à 10,6). Nos résultats suggèrent qu'une immunosuppression optimale visant à prévenir les épisodes de rejet aigu pourrait augmenter la survie à long terme des greffons. Par ailleurs, les greffons prélevés chez des donneurs de plus de 45 ans augmentent le risque de rejet chronique. Si ces greffons de sujets âgés devaient être prélevés pour remédier à la pénurie d'organes, il serait logique de les attribuer à des receveurs âgés.