Reconstruction du ligament croisé antérieur: arthrotomie versus arthroscopie.
Auteurs : Laffargue P1, Delalande JL, Maillet M, Vanhecke C, Decoulx JLe but de cette étude était de comparer les résultats fonctionnels des reconstructions du ligament croisé antérieur pour laxité antérieure chronique réalisées par arthrotomie ou sous arthroscopie. 54 genoux parmi 63 ont été évalués. 33 ligamentoplasties ont été effectuées selon la technique os-tendon rotulien-os par arthrotomie (de 1990 à mai 1993) et 21 sous contrôle arthroscopique (de mai 1993 à 1996). Une méniscectomie interne et/ou externe était associée dans respectivement 22 cas sur 33 et 7 cas sur 21. Le délai moyen entorse-intervention était respectivement de 18,0 mois et 18,6 mois. Le recul après l'intervention était au minimum de 1 an. Nous avons évalué la mobilité, l'amyotrophie et le déficit musculaire du quadriceps et des ischio-jambiers, en statique à 1 mois et par test isocinétique (Cybex®) à 2, 3, 6 mois et 1 an, la laxité résiduelle post-opératoire et la cotation Arpège à 1 an. L'analyse statistique a été réalisée en utilisant les tests de Student et de Mann Whitney. Parmi les complications, on notait respectivement après arthrotomie et après arthroscopie: 7 (21,2 p. 100) et 4 (19 p. 100) algoneurodystrophies, 1 (3 p. 100) et 1 (4,7 p. 100) syndromes du cyclope et 2 (6 p. 100) et 1 (4,7 p. 100) syndromes rotuliens. Le déficit d'extension et la flexion étaient respectivement de - 5,4°/130° et de - 1,9°/136° à 3 mois (p = 0,04) et de - 3,5°/134 et - 1,5°/138° à 6 mois (différence non significative). A 1 mois le déficit musculaire statique des ischiojambiers était de 41,3 p. 100 après arthrotomie et 29,6 p. 100 après arthroscopie (p = 0,05). A 2 mois le déficit isocinétique des ischiojambiers était plus faible après arthroscopie (21,6 p. 100 à 60° et 20,8 p. 100 à 180°) qu'après arthrotomie (32,8 p. 100 et 32,5 p. 100) (p = 0,039 et 0,008). Cette différence persistait pour les ischiojambiers à 3 mois. A 6 mois et à 1 an, aucune différence significative entre les deux groupes n'était observée pour les tests isocinétiques. A 1 an, nous n'avons pas noté de différence significative entre les deux groupes pour les critères stabilité, douleur-résistance à l'effort et mobilité. 73,3 p. 100 étaient très satisfaits ou satisfaits après arthrotomie, 77,7 p. 100 après arthroscopie. Le résultat global était excellent ou bon pour 66 p. 100 après arthrotomie et 83 p. 100 après arthroscopie. La laxité radiologique était inférieure à 5 mm dans 88 p. 100 des cas après arthrotomie, 92 p. 100 après arthroscopie. Ainsi, dans le groupe arthroscopie, nous avons observé un nombre plus faible d'algodystrophie et de syndrome rotulien, et jusqu'à 3 mois des amplitudes articulaires supérieures et un moindre déficit musculaire des ischiojambiers. Au-delà du 6e mois, les différences de mobilité ou de déficit musculaire n'étaient plus significatives. A 1 an, dans le groupe arthroscopie, le taux de laxité résiduelle était plus faible et les résultats fonctionnels globaux étaient meilleurs; toutefois le nombre de méniscectomies internes était plus faible dans le groupe arthroscopie. Cette étude souligne donc l'intérêt des techniques arthroscopiques qui, dans les six premiers mois postopératoires, facilitent la récupération fonctionnelle en permettant une récupération des amplitudes articulaires et du déficit musculaire des ischiojambiers plus rapide qu'après arthrotomie.