Génétique des populations anophéliennes.
Auteurs : Manguin S1, Fontenille D, Chandre F, Lochouarn L, Mouchet J, Kengne P, Guillet PLes études de génétique des populations de vecteurs sont primordiales pour (i) la détermination de leur statut taxonomique et par voie de conséquence définir leur rôle dans la transmission d'un agent pathogène; (ii) l'évaluation de la variabilité génétique des espèces et l'estimation de leurs capacités d'adaptation aux pressions de sélection, (iii) l'estimation des flux géniques entre populations permettant d'appréhender leur degré d'isolement et la circulation des gènes, notamment de résistance Parmi les vecteurs du paludisme pris en exemple sur trois continents, Afrique, Asie du Sud-est et Amérique latine, une large majorité des espèces présente un important polymorphisme Le complexe Anopheles gambiae qui est de loin le plus étudié, inclut maintenant 7 espèces avec la description récente d'An. quadriannulatus A et B en Ethiopie. An, gambiae s.s. comprend lui-même 5 formes chromosomiques. L'une d'entre elles, la forme Mopti, devrait être considérée comme une espèce à part entière. Chez An, arabiensis, une forte différentiation s'observe entre les populations du Sénégal et celle des îles de l'Océan Indien. La mutation kdr, conférant une résistance à l'effet knockdown des pyréthrinoïdes, n'a pas été trouvée chez la forme Mopti, ni chez An, arabiensis, indiquant un flux génique très restreint entre ces dernières et An, gambiae s.s. Le processus de spéciation du complexe An, gambiae semble être un phénomène récent d'adaptation aux pressions de sélection exercées par l'environnement. Les espèces du groupe An, funestus sont identifiables sur des caractères morphologiques. L'étude génétique d'An. funestus s.s. n'a pas permis de déterminer s'il s'agit d'un complexe, malgré un polymorphisme important et une forte structuration des populations. Les anophèles de la région orientale présentent une biodiversité considérable. Le complexe An minimus comprend deux espèces largement réparties en Asie du Sud-est. L'espèce A s'est révélée très endophile, alors que C est à la fois plus exophile et zoophile. Cette derniere espèce semblerait avoir été sélectionnée par les traitements intradomiciliaires au DDT. Après de nombreux remaniements taxonomiques, le complexe An, dirus comprend 7 espèces. En Amérique latine, les populations d'An. pseudopunctipennis se répartissent en 3 groupements géographiques en voie de spéciation. L'un est situé en Amérique du Nord et au Guatemala, un autre en Amérique du Sud et au Belize, et le troisième est confiné à l'île de Grenade. En contrepoint, An. darlingi, peu variable morphologiquement et génétiquement sur l'ensemble de son aire de répartition, représente une seule espèce L'objectif global de ces études est de mettre en œuvre une approche plus sélective des programmes de lutte antivectorielle, en fonction des espèces incriminées, de leur bio-écologie et de leur rôle dans la transmission. Améliorer l'efficacité et la sélectivité de la lutte antivectorielle est devenu un enjeu majeur afin de faire le meilleur usage possible des outils disponibles et de maîtriser l'impact des interventions sur l'environnement.