Biologie de l’hyperthermie maligne : une maladie des canaux calciquesdu muscle squelettique
Auteurs : Monnier N1, Lunardi JL'hyperthermie maligne peranesthésique (MHS) est une maladie pharmacogénétique du muscle squelettique transmise selon un mode autosomique dominant. Chez les individus génétiquement prédisposés, une exposition aux agents anesthésiques halogénés volatiles peut induire une crise fulminante conduisant à des dommages tissulaires irréversibles, voire au décès du patient en l'absence de traitement précoce par le dantrolène. Les principaux symptômes observés sont une hyperthermie, un hypermétabolisme et une rigidité musculaire. Un modèle porcin de la pathologie a été mis à profit pour étudier les mécanismes physio-pathologiques. Le syndrome d'hyperthermie maligne est associé à un trouble de l'homéostasie calcique dans la fibre musculaire. Le trouble est causé par un dysfonctionnement des canaux calciques qui permettent le relâchement du Ca2+ contenu dans le réticulum sarcoplasmique: le récepteur à la ryanodine (RyR) et le récepteur aux dihydropyridines (DHPR). Un test biochimique invasif, basé sur l'analyse de la contraction in vitro des fibres musculaires en réponse à l'addition de caféine ou d'halothane, permet de définir le statut de prédisposition des patients. Bien que l'analyse génétique de l'hyperthermie maligne ait bénéficié des progrès réalisés au cours des dernières années, le diagnostic génétique ne permet cependant toujours pas de répondre à toutes les situations. Si, chez le porc, le syndrome d'hyperthermie est causé par une mutation unique du gène RyR1, la situation chez l'homme est beaucoup plus complexe en raison d'une importante hétérogénéité génétique, allélique ou chromosomique. En effet, d'une part plus de 20 mutations MHS différentes du gène RyR1 ont été identifiées, d'autre part une mutation a été caractérisée dans le gène codant pour le DHPR et enfin quatre autres loci MHS potentiels ont été décrits.