Objectif de l'étude - Le but de ce travail prospectif a été d'évaluer la prévalence de la rupture du sphincter anal lors de l'accouchement et de sa conséquence sur l'apparition d'une incontinence anale du postpartum. Matériels et méthodes - Deux cent cinquante-neuf patientes consécutives ayant accouché à terme ont consenti, dans le dernier trimestre de la grossesse et huit semaines après l'accouchement, à répondre à un questionnaire relatif aux troubles défécatoires, et à subir un examen proctologique et une échographie endoanale. L'échographie endoanale était pratiquée à l'aide d'une sonde rigide rotative multifréquence 7-10 Mhz (Bruel & Kjaer, Naerum, Danemark). L'analyse statistique a été conduite de façon indépendante pour l'incontinence anale et la rupture sphinctérienne vis-à-vis des différents facteurs obstétricaux. Résultats - Seules 233 patientes ont pu être examinées en postpartum (10 % de perdues de vue). Deux cent-deux femmes (86,7 %) ont accouché par voie basse, et 31 par césarienne (13,3 %). Aucune des 31 patientes ayant été césarisées n'a présenté de rupture sphinctérienne (p ≤ 0,007) ou d'incontinence anale du postpartum (p ≤ 0,001). L'apparition après l'accouchement d'une incontinence anale de novo était de 10 % dans notre étude (20/202 patientes). Dans 95 % des cas, cette incontinence anale de novo du postpartum survenait chez des primipares (12 patientes) ou des secondipares (sept patientes). Trente-neuf (19,3 %) des 202 patientes ayant accouchée par voie basse ont présenté une rupture sphinctérienne de novo survenant essentiellement chez 21,2 % des primipares (25 patientes), 20,6 % des secondipares (13 patientes), et 1,9 % des multipares (plus de deux accouchements) (une patiente). Parmi les différents facteurs obstétricaux étudiés, l'application de forceps (odds ratio [OR]: 11,9 [4,8-33,1]), l'existence de déchirures du périnée (OR: 16,1 [4,4-83.9]), la réalisation d'une épisiotomie (OR: 6,6 [1,7-34,2]) et la pauciparité ≤ à 2 (OR: 8,8 [1-78,3]) représentent des facteurs de risques indépendants de ruptures sphinctériennes. Associées à l'application de forceps (OR: 4,5 [1,5-13]), et à l'existence de déchirures du périnée (OR: 3,9 [1,4-10,9]), la durée du travail prolongée (OR: 3,4 [1-11]) et l'existence d'une rupture sphinctérienne de novo (OR: 5,5 [5-15]) représentent les seuls facteurs de risques indépendants d'incontinence anale du postpartum. Conclusion -Alors que la césarienne semble protéger la fonction anale, l'accouchement par voie basse provoque une rupture partielle ou complète du sphincter anal dans 19 % des cas. Dans 45 % des cas, cette rupture sphinctérienne est responsable d'incontinence anale du postpartum.