L'échelle de dépression de Calgary pour patients schizophrènes (CDSS) est une échelle de 9 items, simple, rapide et facile d'emploi, centrée sur la dimension subjective de la dépression, développée par Addingtonet al. (1-5). Nous avons étudié les propriétés psychométriques de cette échelle dans une population de 95 patients schizophrènes, puis dans une population de 41 patients déprimés. La CDSS a été comparée aux hétéro-questionnaires de Hamilton (HDRS), de Montgomery Asberg (MADRS), et de Widlôcher (ERD), ainsi qu'aux auto-questionnaires de dépression Beck (BDI) et de désespoir de Beck (H de Beck). Chez les patients schizophrènes, la symptomatologie psychotique était évaluée à l'aide de la Positive and Negative Symptoms Scale (PANSS), les symptômes extrapyramidaux grâce à l'Extrapyramidal Symptoms Scale (EPRS). Dans les deux populations, la CDSS conserve des propriétés psychométriques comparables. L'analyse en composantes principales est en faveur d'une structure unifactorielle dans les deux cas. Chez les patients schizophrènes, le score total de la CDSS présente une corrélation élevée avec la HDRS, la MADRS et l'ERD (sous-score subjectif), ainsi que l'item G6 (dépression) de la PANSS. Chez les patients déprimés, non schizophrènes, la CDSS est également fortement corrélée à la HDRS, la MADRS, et au BDI, la corrélation étant nettement moins bonne avec l'ERD et l'H de Beck. Un seuil de 13 peut être proposé comme critère de sévérité du syndrome dépressif chez ces patients. La cohérence interne de l'échelle est satisfaisante dans les deux populations, avec un alpha de Cronbach à 0,82 chez les schizophrènes et à 0,59 chez les déprimés. Chez le schizophrène, les items C4 (idées de référence à thème de culpabilité) et C7 (éveil précoce) ne semblent pas nécessaires à la constitution de l'échelle, alors que chez le déprimé l'item C6 (dépression matinale) ne paraît pas indispensable à la cohérence de l'échelle. La fidélité inter-juges est bonne dans les deux cas (kappas pondérés supérieurs à 0,75 dans le premier groupe, à 0,61 dans le second). La stabilité temporelle du score total est satisfaisante, avec une corrélation élevée entre les scores totaux obtenus à 72 heures d'intervalle dans les deux populations. Chez les patients schizophrènes, le score total de la CDSS ne présente pas de corrélation avec la symptomatologie négative et extrapyramidale. En revanche, une corrélation importante est retrouvée entre syndrome dépressif et syndrome positif. En conclusion, la CDSS est une échelle d'évaluation standardisée de la dépression centrée sur la dimension subjective de la dépression, dont la validation demeure incomplète, sa sensibilité au changement et la stabilité de sa structure factorielle étant mal connues. Elle présente cependant d'intéressantes propriétés psychométriques chez les patients déprimés schizophrènes et probablement dans d'autres groupes de sujets déprimés.