Objectif :Rappeler les principaux éléments cliniques et thérapeutiques des intoxications par neurotoxiques organophosphorés, soit intoxication individuelle par insecticide, soit intoxication collective par agent neurotoxique de guerre.Source des données :Références obtenues dans la banque de données Medline®, à partir d’une documentation tirée de l’expérience des auteurs (mémoire universitaire, ouvrages cautionnés par le Secrétariat général de la Défense nationale), données récentes retrouvées sur plusieurs sites du réseau Internet.Synthèse des données :Les intoxications par neurotoxiques organophosphorés surviennent en général lors de tentatives d’autolyse ou par contact accidentel avec un insecticide. L’intoxication se traduit par une inhibition des cholinestérases qui aboutit à une véritable intoxication par l’acétylcholine endogène. Le tableau clinique associe un syndrome muscarinique, un syndrome nicotinique, un syndrome central et les manifestations d’une atteinte de la synapse neuromusculaire. Le dosage biologique des cholinestérases plasmatiques ou érythrocytaires est d’un intérêt relatif car peu spécifique ou peu sensible. La gravité immédiate est liée à l’hypoxie aiguë par atteinte des centres respiratoires, encombrement bronchique, bronchospasme et paralysie des muscles respiratoires. Secondairement, les complications sont liées à des myopathies qui surviennent précocement et dont la sévérité est proportionnelle à la baisse des cholinestérases érythrocytaires, ou à des polyneuropathies plus tardives et dont le mécanisme d’apparition est différent. Le traitement spécifique fait appel à l’atropine et aux oximes qui permettent de régénérer les cholinestérases, dont le phénomène de vieillissement est actuellement discuté. Les signes cliniques guident la thérapeutique. Une menace d’intoxication collective existe lors d’attentats terroristes par les neurotoxiques de guerre dérivés des organophosphorés. Ce sont des agents létaux caractérisés par un délai d’action beaucoup plus rapide et une atteinte neurologique sévère. Les problèmes posés sont davantage d’ordre logistique : identification rapide du toxique, prévention des contaminations secondaires en particulier du personnel soignant, possibilité de disposer de moyens de ventilation mais également des traitements spécifiques indispensables. La décontamination première des victimes et les plans de secours préétablis sont à la base des solutions proposées. La réponse doit être multidisciplinaire, associant des médecins, des biologistes, des professionnels de l’urgence et des responsables de la Santé Publique.