Objectifs :L'autotransfusion peropératoire par récupération de sang épanché dans le champ opératoire, réalisable par les dispositifs de type Cell Saver™, est controversée en chirurgie carcinologique car elle expose au risque de réinjection de cellules tumorales dans la circulation. Cette mise au point a pour but de décrire l'état actuel des connaissances concernant ce risque et les moyens de le minimiser.Acquisition des données :La revue bibliographique a été faite en interrogeant la banque de données PubMed (http//nbci.nlm.nih.gov) de 1968 à 2000. Les mots clés ont été :intraoperative blood salvage, blood transfusion, autologous, cancer. Les cas cliniques n’ont pas été retenus.Sélection des travaux :Les études décrites étaient cliniques (patients opérés) ou expérimentales (analyse in vitro de sang volontairement contaminé). Elles portent sur le nombre de cellules tumorales dans le sang récupéré et dans le sang réinjecté avec ou sans traitement supplémentaire. Dans tous les cas, les résultats obtenus avec Cell Saver étaient comparés soit aux données de la littérature soit à d'autres patients des mêmes équipes (études cas-témoins), mais il n’existe aucune étude randomisée rigoureuse.Synthèse des résultats :Toutes les études, expérimentales ou cliniques, confirment la présence de cellules tumorales dans le sang récupéré comme dans le sang réinjecté. Malgré cela, l'utilisation du Cell Saver dans six études cliniques, avec des effectifs de 20 à 55 patients, n’a pas induit d’efflorescence métastatique avec des reculs de 12 à 60 mois. L’adjonction d’un filtre à leucocytes réduit de manière importante la quantité de cellules tumorales présentes dans les concentrés globulaires rouges (CGR), tandis que l’irradiation de ce culot à 50 Gy inactive définitivement leurs divisions cellulaires. Par ailleurs, il existe en l'absence de toute récupération de sang dans le champ opératoire un essaimage permanent issu naturellement des tumeurs. Cet essaimage apparaît quantitativement supérieur à celui réalisé avec l’utilisation du Cell Saver (surtout en présence d'un filtre à leucocytes), mais très peu de données sont disponibles et il existe probablement de grandes variations selon le type de tumeur et la technique chirurgicale.Conclusion :Il nous semble possible d’utiliser le Cell Saver en chirurgie carcinologique, non seulement en cas d'hémorragie massive imprévue, survenant au cours d’une intervention (déjà admis par le consensus), mais également en chirurgie programmée à haut risque d’hémorragie massive. L'interposition d'un filtre à leucocytes de dernière génération apparaît hautement souhaitable.