Réaction cutanée d'hypersensibilité retardée avec polysensibilisation aux héparines et héparinoïdes.
Auteurs : Figarella I1, Barbaud A, Lecompte T, De Maistre E, Reichert-Penetrat S, Schmutz JLIntroduction. Les réactions cutanées d'hypersensibilité retardée aux héparines posent souvent un problème de choix thérapeutique en raison du risque d'allergie croisée entre les différentes héparines voire même avec les héparinoïdes. Nous rapportons deux observations de malades sensibilisés à la fois aux héparines et aux héparinoïdes, l'attitude pratique que nous avons adoptée et celles rapportées dans la littérature. Observations. Une femme âgée de 49 ans avait eu une réaction cutanée aux points d'injection d'une héparine de bas poids moléculaire suivie d'un exanthème généralisé lors de l'administration intraveineuse d'une héparine non fractionnée. Un homme âgé de 49 ans avait eu une réaction cutanée au point d'injection d'une héparine de bas poids moléculaire, secondairement étendue au tronc et il devait être opéré. Méthodes. Une exploration allergologique comprenant tests épicutanés, prick-tests, intradermo-réactions, et injections sous-cutanées de différentes héparines non fractionnées, d'héparines de bas poids moléculaire, de danaparoïde et de lépirudine était réalisée chez les deux malades. Résultats. Chez la première malade l'exploration mettait en évidence des tests cutanés positifs pour toutes les héparines et héparinoïdes. Ce résultat nous faisait lui conseiller un traitement anticoagulant parentéral par lépirudine. Chez le deuxième malade, il existait des tests cutanés positifs pour les héparines mais l'injection sous-cutanée de danaparoïde n'entraînait qu'une réaction modérée au point d'injection. L'intervention chirurgicale pouvait être réalisée avec anticoagulation par le danaparoïde associé à l'application de dermocorticoïdes sur le site d'injection. Discussion. Les réactions cutanées d'hypersensibilité cellulaire retardée aux héparines surviennent au point d'injection mais également à distance de celui-ci. Le problème du choix du traitement anticoagulant se pose alors, puisqu'il existe des allergies croisées entre les différentes molécules. Seules les explorations allergologiques réalisées de manière rigoureuse permettent de les mettre en évidence et de proposer un traitement avec le minimum de risque. S'il existe une allergie aux héparines et aux héparinoïdes l'attitude est à adapter aux besoins des malades et aux manifestations présentées, reposant sur l'administration d'héparinoïdes avec dermocorticoïdes ou d'hirudines. Celles-ci, n'exposant pas aux risques d'allergie croisée, sont cependant de manipulation et d'indication particulières.