Les récidives des neurinomes de l'acoustique après exérèse chirurgicale.
Auteurs : Thomassin JM1, Pellet W, Epron JP, Braccini F, Roche PHLa chirurgie des neurinomes de l'acoustique est actuellement suivie d'une faible mortalité, bien loin des chiffres rapportés par les premiers chirurgiens. La morbidité a également vu son incidence diminuée avec les tentatives de préservation de la fonction faciale et plus récemment de l'audition. Toutefois, le suivi prolongé des patients a permis d'observer la survenue de récidives après exérèse partielle ce qui était déjà connue mais également après ablation totale de la tumeur. A partir d'une étude qui a comporté deux séries, la première regroupant 40 patients observés et traités à l'hôpital de la Timone depuis 1975, la deuxième série analysant le suivi de 97 patients opérés dans la Fédération d'ORL avec un recul allant de 8 à 16 ans, nous avons, en effet, constaté que les récidives surviennent avec une fréquence différente selon que l'exérèse première est totale ou non. En accord avec les données de la littérature une fréquence de 20 % est retrouvée après une exérèse partielle. En revanche, après une exérèse totale, notre chiffre de 9,2 % apparaît supérieur à celui des différentes séries inférieures à 1 %. Malgré un grand nombre de perdus de vue, l'importance de notre recul et le fait que nous disposions d'une majorité de gros tumeurs nous font penser que la fréquence est souvent sous-estimée dans la littérature et que les chiffres situés entre 8 et 10 % nous semblent plus proches de la réalité. La majeure partie des récidives est tardive avec un pic autour de 8 ans avec des valeurs extrêmes allant de 1 à plus de 20 ans. Le délai semblant raccourci lors des exérèses partielles. La localisation de ces récidives est ubiquitaire mais deux zones préférentielles sont constamment retrouvées, avant tout le conduit auditif interne et les constituants du paquet acousticofacial, à un degré moindre le tronc cérébral. La plupart du temps, asymptômatique, elle peut se manifester essentiellement par des troubles de l'équilibre ou une atteinte du nerf trijumeau, plus rarement du nerf facial. Ces signes cliniques sont toutefois tardifs et révèlent une volumineuse tumeur généralement supérieure à 3 cm. Ces constatations nous amènent à insister sur la nécessité d'une surveillance radiologique d'au moins 8 ans de tous les neurinomes opérés, quelle que soit la chirurgie première. Ce suivi sera assuré par IRM préférentiellement à la tomodensitométrie. L'interprétation devra cependant être prudente et il conviendra de se méfier de certaines images liées à un remaniement post-opératoire qui ne devront pas être prises à tort pour des récidives.