L'évaluation des troubles cognitifs dans la dépression a donné lieu à de nombreux travaux qui ont démontré la prédominance des déficits mnésiques et des troubles des fonctions exécutives dans cette affection. Dans ce travail nous proposons de passer en revue les principales études consacrées à l'investigation des capacités exécutives des patients déprimés unipolaires. Les fonctions exécutives sont impliquées dans les processus tels que l'inhibition, l'initiation, la planification, la réalisation et le contrôle des activités requérant un niveau élevé d'intégration et dirigées vers un but précis. Ces fonctions exécutives sont généralement associées aux diverses régions du cortex préfrontal. Cette revue met en évidence que les déprimés montrent des déficits principalement dans les tâches de planification, de résolution de problèmes et nécessitant la mise en jeu d'une inhibition et d'une flexibilité comportementale spontanée ou réactive. Ces études suggèrent également une sensibilité particulière des patients déprimés au feedback négatif et à la perception des échecs. Des marqueurs liés au « trait » et à « l'état » dépressif sont associés au niveau de performance exécutive des déprimés et la présence de troubles exécutifs faciliterait la perpétuation des signes dépressifs et les rechutes dépressives précoces. Les troubles exécutifs dans la dépression sont associés à des dysfonctions du cortex préfrontal présentes principalement dans les régions ventromédianes et les parties dorsales du cortex cingulaire antérieur. De nouvelles perspectives de recherche sur les bases anatomiques des interactions cognition/émotion et sur l'impact des modifications de l'humeur sur la sensibilité au renforcement et le niveau des ressources exécutives sont proposées.