Nous rapportons le décès d'une jeune enfant de 18 mois après ingestion d'une quantité non déterminée de lidocaine visqueuse à 2%. Très rapidement après l'ingestion, l'enfant présente une somnolence, un coma, des convulsions puis une asystolie. La prise en charge est symptomatique, et passe par des mesures de réanimation cardiorespiratoire et l'administration d'un anticonvulsivant. La recherche de toxique après extraction organique par Chromatographie Liquide de Haute Performance (CLHP) couplée à une barette de diodes (BD) retrouve uniquement de la lidocaine et son métabolite, le monoethylglycinexylidide (MEGX) ; les concentrations sériques, déterminées par méthode immunologique par polarisation de fluorescence (FPIA) et par CLHP, sont de 1,1 μg/ml pour la lidocaine et 0,94 μg/ml pour MEGX (H+7 heures) et 0,30 μg/ml pour la lidocaine (J+1). Les effets neurotoxiques apparaissent à des doses plus faibles que pour les signes cardiotoxiques, ceux ci étant doses dépendants. Les symptômes toxiques débutent par des céphalées, hallucinations, somnolence, convulsions, dépression respiratoire, troubles de la conduction myocardique. Les symptômes toxiques peuvent persister après que la concentration de la lidocaine soit revenue à un taux thérapeutique. Il n'y a pas d'antidote, la prise en charge thérapeutique est symptomatique. Compte tenu de la gravité de ces intoxications qui restent rares, la prescription de lidocaine visqueuse est contre indiquée chez le jeune enfant de moins de 6 ans.