Géoclimatologie et sévérité des envenimations par morsure de serpent au Bénin.
Auteurs : Massougbodji M1, Chobli M, Assouto P, Lokossou T, Sanoussi H, Sossou A, Massougbodji AL'envenimation par morsure de serpent est courante au Bénin où elle constitue, notamment dans certaines régions, un important sujet d'inquiétude pour les populations et de préoccupation pour le personnel de santé. La présente étude épidémiologique concerne les envenimations par morsure de serpent dans 18 formations sanitaires réparties sur le territoire national (6 hôpitaux départementaux et 12 hôpitaux de sous-préfecture). Les variables étudiées sont la prévalence, le délai d'hospitalisation, les complications majeures, la qualité de la prise en charge thérapeutique et l'évolution selon les régions. La période d'étude va d'avril 2000 à mars 2001. Quatre cent quatre-vingt-six cas de morsure de serpent nécessitant une hospitalisation d'urgence ont été relevés dont 413 (85 %) dans les deux départements septentrionaux: l'Atacora et le Borgou. Le sexe masculin est largement prédominant (90 %) et les patients âgés de moins de 40 ans sont de loin les plus nombreux (82 %). La grande saison sèche apparaît comme la période à haut risque (75 % des cas). Le délai entre la morsure de serpent et l'admission à l'hôpital, étudié pour 120 malades de la région de l'Atacora au nord-ouest du Bénin est relativement long: 4 jours en moyenne avec des extrêmes de 10 heures et 21 jours. Ce retard aux soins explique la gravité des complications diagnostiquées à l'admission et qui sont, par ordre décroissant de fréquence: l'état de choc, le syndrome hémorragique, l'insuffisance rénale aiguë, la détresse respiratoire. Moins de 20 % des patients ont pu bénéficier d'une sérothérapie antivenimeuse. La prise en charge en réanimation a comporté des lacunes importantes, aucune des formations sanitaires (sauf Porto-Novo, la capitale) ne possédant une unité de soins intensifs avec possibilité de ventilation artificielle. La mortalité est de 22 % en moyenne. Les morsures de serpent venimeux restent graves au Bénin, principalement dans la région Nord. Les conditions d'accès aux soins et la qualité même de ces soins appellent d'importants efforts de la part du personnel soignant des autorités sanitaires ainsi que des populations elles-mêmes. Il est impératif d'envisager un consensus thérapeutique national pour diminuer la mortalité élevée de cette pathologie.