Vasodilatation postocclusive des artères caverneuses. Un test potentiel de la réserve en NO du pénis.
Auteurs : Virag R1Objectif de l'étude : L'oxyde nitrique (NO) est considéré comme le neurotransmetteur essentiel au déclenchement et au maintien de l'érection. Il est responsable de la dilatation artérielle observée après occlusion de la circulation périphérique. Le but de ce travail a été d'étudier la possibilité d'évaluer la réserve en NO des corps caverneux en mesurant les variations du calibre des artères caverneuses après occlusion de la circulation pénienne. Patients et méthodes : Quatre-vingt quinze patients, 22 ayant des érections normales (groupe témoin) et 73 avec divers degrés de dysfonctionnement érectile (DE) évalués par l'indice international de la fonction érectile (IIEF) et l'indice d'activité érectile (IAE) ont été testés puis séparés, à la suite de l'étude pluridisciplinaire de leur étiologie en deux sous-groupes : organique (n = 47) et psychologique (n = 26). Pour chaque patient le diamètre d'une des deux artères caverneuses a été mesuré par échographie Doppler avant et après occlusion de la circulation pénienne pendant 5 minutes. Le critère retenu a été le pourcentage maximum d'augmentation du diamètre de l'artère obtenu entre 45 et 90 secondes après la levée de l'occlusion. Il a été moyenné et comparé dans les groupes cliniques. L'influence des indices cliniques, de l'âge, des facteurs de risque vasculaire, de l'état préalable de l'artère, et du taux sanguin de la testostérone et de la DHEA ont été évalués. Résultats : Dans le groupe témoin le pourcentage moyen a été de 65,2 ± 26,3 % et de 34,9 ± 34,9 % pour le groupe avec dysfonction érectile (p = 0,0003). Le sous-groupe psychologique avec 68.2 ± 40 % a des valeurs semblables au groupe témoin, alors que le sous-groupe organique avec 16,4 ± 8,4 est significativement différent (p = 0,0001). Pour les patients sans atteinte organique (groupe témoin et sous-groupe psychologique), on note un pourcentage diminué pour les patients ayant plusieurs facteurs de risque vasculaire (53,7 ± 22 vs 80.3 ± 30 %, p = 0.007). L'âge (r = 0.29), le diamètre initial de l'artère caverneuse (r = 0,3) et le taux de sulfate de DHEA (r = 0.56) influent sur la réponse qui est positivement corrélée avec l'HEF et l'IAE. A un PADAC < à 35 % on peut reconnaître une DE organique avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 92 %. Conclusion: L'occlusion de la circulation pénienne produit une forte vasodilatation des artères caverneuses qui est d'autant plus marquée que le sujet est dépourvu d'atteinte organique et de facteurs de risque vasculaire. La valeur seuil paraît se situer à 35 %, valeur au-dessous de laquelle on n'a observé ni sujets témoin, ni patients à prédominance psychologique. L'atteinte organique paraît donc liée à la baisse de la capacité des corps caverneux à produire le NO. La vasodilatation postocclusive des artères caverneuses pourrait ainsi devenir un test à la fois diagnostique et pronostique totalement non invasif pour l'étude des dysfonctions érectiles que l'on propose d'appeler PNORT (initiales anglaises de penile NO release test).