Flutter atrial à conduction nodo-ventriculaire 1/1 sous amiodarone. De la physiopathologie au dépistage.
Auteurs : Aouate P1, Elbaz N, Klug D, Lacotte J, Raguin D, Frank R, Lelouche D, Dubois-Randé JL, Tonet J, Fontaine GLe flutter atrial à conduction nodo-ventriculaire 1/1 est une complication classique des antiarythmiques de la classe I de Vaughan-Williams. L'allongement du cycle du flutter et la faible action de l'antiarythmique sur le noeud atrio-ventriculaire permettent la conduction en 1/1 des dépolarisations atriales aux ventricules. Par leur action marquée sur le noeud atrio-ventriculaire, les antiarythmiques de classe III rendent cet effet proarythmique inattendu. Nous rapportons 7 observations de flutter 1/1 survenu sous amiodarone orale de 1994 à 2001. Il s'agissait de 6 hommes et d'une femme d'âge moyen 58 ± 14 ans. Quatre patients avaient une cardiopathie et aucun n'avait d'hyperthyroïdie. L'arythmie initiale était un flutter 2/1 (n = 4), un flutter 1/1 (n = 2) et une fibrillation atriale (n = 1). Le traitement était préventif à la posologie de 400 mg/j associé au carvedilol chez un patient et de 200 mg/j chez un autre. Les 5 autres patients recevaient une dose de charge de 9 200 ± 2 400 mg sur 10 ± 4 jours. Les symptômes comportaient des palpitations (n = 2) associées à une hypotension chez un patient, une syncope, un état présyncopal et un choc cardiogénique. Le cycle ventriculaire du flutter 1/1 était de 287 ± 33 ms. La durée des QRS était de 136 ± 35 ms et sa morphologie évoquait une tachycardie ventriculaire chez 3 patients. Un facteur déclenchant adrénergique était retrouvé 5 fois. Une cardioversion en urgence a été nécessaire chez un patient. La physiopathologie du flutter 1/1 est discutée et des moyens théoriques de dépistage sont proposés. En conclusion, l'amiodarone ne prévient pas toujours la survenue d'une conduction nodoventriculaire 1/1 au cours du flutter atrial.