Objectif. –Rappeler les principaux éléments historiques, physiopathologiques, cliniques et thérapeutiques de l'intoxication par l'ypérite, par accident, acte de terrorisme ou fait de guerre.Source des données. –Références obtenues dans la banque de données Medline©, à partir d'une documentation tirée de l'expérience des auteurs (mémoire universitaire, ouvrages cautionnés par le Secrétariat général de la Défense Nationale) et des archives de la bibliothèque centrale du service de santé des armées.Synthèse des données. –L'ypérite est une arme chimique de guerre dont les risques ne sont pas liés qu'au temps de guerre. L'intoxication à l'ypérite peut également être la conséquence d'un accident (fuite, manipulation) ou d'un acte de terrorisme. L'ypérite est un agent vésicant qui provoque des modifications de la structure de l'ADN. Utilisée sous forme liquide ou vapeur ses principales cibles sont la peau et les poumons. Selon la voie de pénétration, le tableau clinique est celui d'un brûlé immunodéprimé, auquel s'associent des signes de détresse respiratoire, des signes ophtalmiques, digestifs et hématologiques. Les dernières avancées de la recherche ont permis de mieux connaître le mécanisme d'action de l'ypérite et de progresser dans les moyens de détection, de prévention et de traitement. Le diagnostic de certitude d'une intoxication par de l'ypérite repose sur une analyse par la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse. Les premières mesures à prendre lors d'une atteinte par de l'ypérite sont l'évacuation hors des zones contaminées et la décontamination des personnels atteints. La protection des personnels des services de secours et des matériels est impérative afin d'éviter une contamination secondaire des structures de soins. Hormis les mesures permettant d'assurer les fonctions vitales et notamment respiratoire, les principales avancées thérapeutiques portent sur l'emploi de la N-acétylcystéine pour les formes pulmonaires, des inhibiteurs de la poly (ADP-ribose) polymérase, des précurseurs du NAD+, des antagonistes de la calmoduline et des chélateurs du Ca++. Les interactions de l'ypérite avec les agents de l'anesthésie sont mal connues et reposent le plus souvent sur l'expérience clinique.Conclusion. –L'ypérite est un gaz de combat auquel les unités de soins civiles peuvent être confrontées lors de contamination accidentelle ou d'acte de terrorisme. Les premières mesures à prendre et les plus efficaces, sont l'éviction et la décontamination des personnels touchés. Ceci nécessite la détection et l'identification du toxique qui doivent être rapides, sensibles et spécifiques. À l'inverse d'une situation militaire la détection et la décontamination en milieu civil peuvent être de réalisation plus difficile. Des nouveaux moyens de détection et de traitement sont à l'étude depuis plusieurs années mais ne sont pas encore applicables à l'homme ou au traitement de masse.