Le bloc auriculoventriculaire de haut degré complique 10 à 15 % des infarctus du myocarde aigus inférieurs. Sa valeur pronostique ainsi que sa signification restent l’objet de controverses. Pour cela, nous avons mené une étude rétrospective de 152 observations d’infarctus du myocarde inférieur en phase hospitalière. L’âge moyen des patients est de 60 ans, 48,7 % des patients ont été thrombolysés. Un bloc auriculoventriculaire du deuxième ou du troisième degré compliquant un infarctus du myocarde inférieur aigu est observé dans 33 cas (21,7 %). Les infarctus inférieurs aigus compliqués de bloc auriculoventriculaire, s’accompagnent d’une mortalité plus élevée (12 % contre 2,5 %,p < 0,05) et d’un surcroît de complications hémodynamiques à type de choc cardiogénique par extension de la nécrose au ventricule droit (18 % contre 3,4 %,p < 0,01) ou d’insuffisance ventriculaire gauche (12 % contre 3,5 %,p < 0,01). Il semblerait que la masse nécrosée soit plus importante parmi les patients ayant un infarctus du myocarde inférieur compliqué de bloc auriculoventriculaire. En prenant en considération la valeur moyenne du pic de créatine phosphokinase dans chaque groupe (1534 UI contre 1096 UI,p < 0,02) et l’altération de la fraction d’éjection (FE < 40 %), (44,6 % contre 16 %,p < 0,01). Dans notre série, la thrombolyse ne paraît pas influencer l’incidence de survenue du bloc auriculoventriculaire (24 % chez les patients non thrombolysés contre 19 % en cas de thrombolyse), en revanche, elle semble en améliorer le pronostic. Il ressort de ce travail que l’installation d’un bloc auriculoventriculaire de haut degré en phase aiguë d’infarctus du myocarde inférieur s’associe à une morbidité et à une mortalité plus importantes, cette aggravation du pronostic semble être liée à la présence d’une coronaire droite dominante non recanalisée. En revanche, la reperméabilisation coronaire s’accompagne souvent d’une régression rapide du bloc auriculoventriculaire qui perd alors son caractère péjoratif.