Le monitorage de la curarisation au muscle sourcilier est utilisé lors de l’intubation trachéale, cependant la similitude de réponses aux curares entre le muscle sourcilier et les muscles laryngés peut être faussée chez un patient souffrant de myasthénie. Nous décrivons la prise en charge anesthésique d’un patient de 67 ans devant bénéficier d’une chirurgie ethmoïdale, souffrant d’une diplopie et d’un ptôsis en rapport avec une myasthénie oculaire droite isolée. L’anesthésie générale était induite par voie intraveineuse (thiopental 5 mg kg–1, sufentanil 0,2 μg kg–1). Après vérification d’une réponse musculaire normale à la stimulation par train-de-quatre au sourcilier gauche (4 réponses visuelles) et à l’adducteur du pouce (T4/T1=1), 0,15 mg kg–1de cisatracurium était administré. Après 45 s, le rapport T1/T0à l’adducteur du pouce était de 1, mais devant l’absence de réponse au train-de-quatre au muscle sourcilier, une tentative d’intubation était réalisée conduisant à l’échec (cordes vocales fermées et mobiles). Une nouvelle tentative était réalisée lors de l’obtention d’un T1/T0de 0,05 à l’adducteur du pouce, soit 4 min après l’injection de cisatracurium, permettant l’intubation. Le patient était extubé sans problème après antagonisation par néostigmine (20 μg kg–1) de la curarisation résiduelle (T1/T0= 0,25, T4/T1= 0,10) et récupération d’un T4/T1de 1. En conclusion, chez un patient atteint d’une myasthénie oculaire isolée semblant n’atteindre qu’un des yeux, le monitorage de la curarisation au niveau du sourcilier de l’œil non atteint ne permet pas de prédire la qualité des conditions d’intubation.