Effets modulateurs de collyres anti-allergiques sur l'activation du complément induite in vitro par des polluants particulaires.
Auteurs : Blondin C1, Cholley B, Haeffner-Cavaillon N, Goldschmidt PIntroduction : Les conjonctivites pseudo-allergiques regroupent un ensemble de symptômes fortement évocateurs d'allergie, sous-tendus par des mécanismes moléculaires de type inflammatoire. Ces mécanismes font intervenir principalement les protéines du complément, présentes au niveau du film lacrymal. Une grande variété de polluants atmosphériques entrent en contact avec la surface oculaire, où ils peuvent activer le système du complément. C'est le cas notamment des particules de diesel, de l'ozone, de certains composés organiques volatiles, de la poussière de maison, de la fumée de cigarette ou encore d'une protéase produite par les acariens. Ces substances activent le système du complément et peuvent ainsi générer une réaction inflammatoire non spécifique se soldant par le recrutement des polynucléaires (neutrophiles, éosinophiles...) et des monocytes dans les tissus conjonctivaux. D'où l'établissement d'une symptomatologie de typé allergique, souvent concomitante de pics de pollution atmosphérique et dans laquelle les anticorps spécifiques,les IgE et la dégranulation mastocytaire n'interviennent que très modérément. Dans la présente étude, nous avons évalué la capacité des principaux collyres utilisés dans le traitement des conjonctivites allergiques, à contrôler l'activation du complément induite par des substances polluantes. Matériels et méthodes: Les molécules NAAGA (acide N-acétyl aspartyl glutamique, sel de sodium), lodoxamide, nédocromil, lévocabastine, émédastine, azélastine, olopatadine et kétotifène ont été testées. Les effets du lodoxamide et du kétotifène sans conservateur (en unidoses) a été comparé à celui des molécules associées au conservateur chlorure de benzalkonium, et à celui du chlorure de benzalkonium seul. Le complément humain a été activé par de la poussière de maison, du mascara, du sable, et par un extrait allergénique de pollen de dactyle. Ces polluants ont été comparés au zymosan, un activateur standardisé du complément. Les effets des collyres sur l'activation du complément ont été évalués à l'aide du test CH50. Le titre en unités CH50 mesuré dans du sérum humain pré-incubé avec un volume constant de collyre et d'activateur du complément a été comparé au titre CH50 du même sérum pré-incubé avec l'activateur seul, et à celui d'un pool de sérum provenant de sujets normaux. Résultats : L'activation du complément induite par la substance de référence,le zymosan (30 ± 6 %), était significativement moindre en présence de NAAGA sans conservateur (16,6 ± 4 %, p = 0,0026) ou de nédocromil avec conservateur (20 ± 2 %, p = 0,022). La lévocabastine, l'émédastine, l'olopatadine et le kétotifène n'inhibaient pas l'activation du complément induite par le zymosan, tandis que l'azélastine, le lodoxamide et le chlorure de benzalkonium l'amplifiaient significativement (p = 0,0008 ; 0,0045 et 0,0078 respectivement). Des résultats similaires ont été obtenus avec l'ensemble des polluants testés. Aucun des collyres testés n'était intrinsèquement activateur du complément, indiquant que l'effet délétère de certains collyres conservés et du benzalkonium ne semble s'exercer que lorsque l'activation du complément est initiée au préalable, c'est-à-dire sur une surface oculaire inflammatoire.