Objectif: Cette étude questionne la relation entre deux facteurs explicatifs de la fugue/itinérance chez les adolescents: les problèmes de comportement des jeunes et la violence parentale qu'ils subissent. Elle démontre qu'il s'agit de deux facteurs distincts associés à des profils types de fugueurs. Méthodologie: Les données ont été collectées auprès de 130 adolescents (12 à 17 ans) qui ont connu des fugues courtes et répétitives. Deux groupes ont été constitué: 79 jeunes qui ne présentent pas de problèmes de comportement (groupe A) et 51 qui en manifestent (groupe B). Les deux groupes sont semblables quant à certaines caractéristiques de leur environnement familial (revenu familial, activité du parent, type de famille, stabilité familiale). Résultats: Les analyses bivariées révèlent des différences significatives entre les deux groupes de fugueurs en ce qui concernent (1) le sexe; (2) le diagnostic de troubles des conduites; (3) l'affiliation à des personnes déviantes; et (4) la violence parentale qu'ils subissent. L'analyse discriminante montre que ces quatre variables distinguent nettement les deux groupes de fugueurs et prédisent l'appartenance de groupe pour 82% des cas. Ainsi le groupe B a plus de chances d'avoir un diagnostic de troubles des conduites, d'être de sexe masculin et de s'associer à des pairs délinquants. Ce groupe ne subit pas un niveau élevé de violence parentale. C'est tout à fait l'inverse qui caractérise le groupe A. Conclusion: Notre étude montre que la violence parentale et les troubles de comportements sont des variables associées respectivement à deux profils de fugueurs. Ainsi, ces variables ne constituent pas les composantes d'une dynamique unique susceptible d'expliquer la fugue, comme le pense certains auteurs. Nos résultats dissipent les doutes, quelque fois exprimés par les chercheurs quant à l'importance de la victimisation parentale chez les fugueurs.