Au cours du syndrome néphrotique, les œdèmes sont la représentation clinique d'une expansion isolée du compartiment hydrique interstitiel. Le sodium d'origine alimentaire n'est plus excrété par les reins en phase de protéinurie et son accumulation dans le volume extracellulaire est compensée par une expansion du volume hydrique. La rétention rénale de sodium est secondaire à l'activation des structures moléculaires impliquées dans la réabsorption du sodium au niveau du tube collecteur cortical : canal sodium épithélial amiloride-sensible au pôle apical et pompe à sodium ouabaïne-sensible au pôle basolatéral de la cellule principale. Cette activation est indépendante de l'aldostérone et de la vasopressine qui sont les médiateurs classiques de la régulation de cette réabsorption. L'asymétrie d'expansion du volume extracellulaire entre compartiment vasculaire et interstitiel est secondaire à une modification des forces de la loi de Starling qui règlent le transfert de fluide à travers la paroi des capillaires dans les tissus mous. Ce déséquilibre avait été historiquement attribué à la baisse de la pression oncotique plasmatique. L'absence de modifications significatives des gradients transcapillaires de pression oncotique et hydrostatique suggère que l'altération du coefficient de conductivité hydraulique de la barrière endothéliale a un rôle déterminant dans la fuite interstitielle de liquide. La modification de la conformation des jonctions inter-endothéliales, possiblement liée à l'hypoalbuminémie, est probablement à l'origine de cette altération et permet d'expliquer la constitution et la mobilité des œdèmes. La description des mécanismes moléculaires et biologiques de la rétention rénale de sodium a permis une optimisation des traitements diurétiques. L'efficacité de l'association amiloride–furosémide sur l'excrétion urinaire de sodium, la négativation de la balance sodée et la résorption des œdèmes chez les malades néphrotiques ont pu être démontrées dans une série préliminaire.