Prise en charge du patient polyvasculaire en cardiologie de ville. Résultats de l'étude PRISMA.
Auteurs : Cournot M1, Cambou JP, Ferrières J, Grenier O, Herrmann MA, Cantet C, Leizorovicz AIntroduction: l'infarctus du myocarde (IDM), l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) et l'accident vasculaire cérébral ischémique sont 3 localisations d'une même maladie, l'athérothrombose, dont ils partagent physiopathologie et pronostic. Objectif: le but de ce travail était de décrire les caractéristiques cliniques et la prise en charge médicamenteuse du patient polyvasculaire en cardiologie de ville. Méthodes: des cardiologues libéraux répartis sur tout le territoire ont participé à un registre de consultations pendant 3 semaines. Les caractéristiques cliniques et la prise en charge médicamenteuse des 3 premiers patients du registre pour chaque cardiologue ont été étudiées au cours d'une étude multicentrique nationale, puis comparées selon que l'atteinte athérothrombotique était isolée ou polyvasculaire. Résultats: au total, 100 429 patients ont été examinés pendant la période du registre et 2 780 ont été inclus dans l'étude. Les patients polyvasculaires représentaient 7 % du registre et 22 % des patients vasculaires. Ces patients à localisations multiples étaient plus fréquemment diabétiques. Un bilan lipidique était moins souvent disponible chez les coronariens lorsqu'ils avaient une autre atteinte (72,4 %) qu'en cas d'atteinte isolée (78,9 %). Quelle que soit l'atteinte initiale, les dyslipidémies étaient moins souvent contrôlées en cas d'atteinte polyvasculaire (63 % de LDL-C ≥ 1,3 g/L chez le coronarien polyvasculaire vs 52 % chez le coronarien avec atteinte isolée). Chez les coronariens, la présence d'une AOMI était associée à une moindre prescription de b-bloquants (OR = 0,4 [0,3 à 0,6]), la présence d'un AVC était associé à une moindre prescription de statines (OR = 0,7 [0,5 à 0,9]). Huit polyvasculaires sur 10 recevaient un antiagrégeant plaquettaire. La présence de localisations athérothrombotiques multiples était associée à une plus large prescription d'IEC, sauf chez le coronarien. Conclusion: ces résultats viennent enrichir les connaissances sur la prise en charge spécifique du polyvasculaire, dont la prévention secondaire est primordiale du fait de son risque élevé de récidive. Ils incitent à renforcer les mesures qui ont démontré leur utilité, telles la prise en charge des facteurs de risque majeurs, et particulièrement des dyslipidémies.