Les fractures dites de « Pouteau-Colles » n’ont jamais été décrites par Pouteau. Ce chirurgien de l’école lyonnaise a rédigé un mémoire publié dans ses œuvres posthumes en 1783. L’auteur a eu accès à l’original du mémoire à la bibliothèque de l’ancienne école de médecine Navale de Rochefort. La lecture en révèle que Pouteau a décrit une grande variété de fractures de l’avant-bras. Sa contribution originale vient dans la définition du mécanisme lésionnel de la fracture, par chute, plutôt que par choc direct. Pouteau présente une théorie musculaire contestable de l’étiologie des traits de fractures mais utile à la compréhension des déplacements des fragments osseux. Il remet en question la place prépondérante à l’époque des entorses et luxations dans le diagnostic différentiel des traumatismes de l’avant-bras. Il décrit quatre signes cliniques qui permettent « au simple coup d’œil » de diagnostiquer l’os fracturé, le siège fracturaire, ses déplacements et le mécanisme lésionnel. Pouteau présente une méthode de réduction détaillée et un système de contention original sensé s’adapter aux déplacement secondaires et éviter ce qui n’était pas encore le syndrome de loges ou les infections nosocomiales. Pouteau conclut modestement en forme de question sur les moyens futurs de réduire les enfoncements et combler les pertes de substances osseuses. Pour rendre hommage à ce chirurgien visionnaire, l’auteur propose d’attribuer à l’entité nosologique « fractures des os de l’avant-bras » le qualificatif de « fractures de Pouteau » ou bien d’adjoindre à toute fracture de cette région décrite par autrui le patronyme du chirurgien lyonnais.