Accès aux soins de santé au Bénin : indigence et réseaux d’aide communautaire
Auteurs : Ouendo EM1, Makoutodé M, Wilmet-Dramaix M, Paraiso M, Dujardin BL'objectif de cette étude est d'évaluer la capacité des ménages indigents et non indigents à payer les soins de santé et de montrer comment les réseaux d'aide communautaire (RAC, réseaux de solidarité) existants viennent compenser en partie la non-capacité de paiement des indigents. Seize sites d'étude ont été sélectionnés de manière aléatoire au départ d'une division en quatre strates du territoire du Bénin. Un entretien a été réalisé dans chacun des 1312 ménages de notre échantillon (668 indigents et 664 non-indigents). Quarante-huit focus groups ont eu lieu avec des personnes ressources (leaders d'opinion), des femmes et des agents de santé, assistants sociaux et responsables de RAC. L'étude a montré que seulement 27 % des chefs de ménage ont une accessibilité financière permanente aux soins et services de santé. Cette accessibilité financière est plus faible chez les indigents (9 %) que chez les non-indigents (46 %). Cependant, la capacité à payer des chefs de ménages a atteint 84 % (87 % pour les non-indigents et 81% pour les indigents avec p < 0,01). Les capacités à payer sont différentes entre les strates (p < 0,001), avec la proportion la plus élevée dans la strate urbaine. Ce niveau de capacité à payer a été possible grâce à l'intervention des RAC pour 25 % des chefs de ménage, la préférence étant donnée aux indigents. Cet appui des réseaux d'aide communautaire est assuré à 90 % par le réseau familial. Les comités de gestion des centres de santé ne sont intervenus que dans 0,8 % des cas. De façon générale, les aides ne couvrent qu'une faible fraction de ceux qui en ont besoin. Les politiques de santé des pays africains doivent s'inscrire dans la logique de garantie de l'accès aux soins de santé aux populations et en particulier aux indigents.