But. –Préciser le mode de présentation, la prise en charge, et le pronostic des anomalies de conduction cardiaques (ACC) compliquant les endocardites abcédées.Méthodes. –Nous avons analysé les données cliniques, microbiologiques, échocardiographiques et thérapeutiques des abcès cardiaques compliqués d'ACC hospitalisés entre 1995 et 2001 dans notre centre. Les ACC survenues après chirurgie cardiaque sont exclues.Résultats. –Sur 35 abcès cardiaques, six hommes (âge moyen 62 ans) ont eu des ACC compliquant six abcès du manchon aortique (4 fois sur valve native et 2 fois sur prothèse) dans quatre cas étendus au septum interventriculaire et fistulisés. Une insuffisance cardiaque sévère est notée quatre fois, une embolie septique cérébrale deux fois. Streptocoques et Staphylocoques prédominent. Un bloc auriculoventriculaire (BAV) complet est deux fois révélateur de l'endocardite et en complique l'évolution trois fois. Un bloc trifasciculaire (BAV de premier degré, hémibloc antérieur gauche et bloc de branche droit complet) permettra de révéler une récidive d'endocardite. Deux patients sont traités médicalement : l'un décède précocement (BAV complet pre mortem) et l'autre évolue favorablement sans stimulation définitive (BAV complet paroxystique). Quatre patients sont opérés avec une stimulation temporaire dans trois cas (un décès précoce) puis définitive deux fois. À 26,5 mois (7–50) de recul, les quatre survivants sont exempts de récidive d'endocardite.Conclusion. –Les anomalies graves de conduction sont classiques dans l'endocardite abcédée du manchon aortique et associées à une surmortalité. Elles imposent le transfert en milieu médicochirurgical. La stimulation cardiaque définitive peut être réalisée précocement sans infection sur sonde.