Les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) sont les tumeurs conjonctives les plus fréquentes du tube digestif. Des progrès considérables ont été récemment réalisés dans leur définition et leur classification et dans la compréhension de leurs mécanismes moléculaires. Ces progrès ont conduit à la mise au point d’un traitement qui constitue désormais un modèle de thérapeutique ciblée en oncologie. Les GIST sont définies comme des tumeurs du tube digestif, éventuellement du mésentère ou du péritoine, constituées par une prolifération de cellules le plus souvent fusiformes, plus rarement épithélioïdes, exprimant habituellement, mais non constamment, la protéine KIT. La très grande majorité des GIST s’associent à des anomalies moléculaires dans deux gènes cibles :KIT(qui code pour la protéine KIT) etPDGFRA(qui code pour la chaîne A du récepteur du PDGF). Le diagnostic de GIST repose sur les caractéristiques histologiques (la prolifération tumorale est formée de cellules fusiformes dans 70 % des cas et de cellules épithélioïdes dans 20 % des cas ; les variantes histologiques inhabituelles sont rares mais parfois trompeuses) et immunohistochimiques (expression de KIT dans 95 % des cas, habituellement associée à l’expression de CD34, présente dans 60 à 70 % des cas). La recherche de mutations dans les gènes cibles n’est nécessaire qu’en cas de tumeur d’aspect histologique évocateur mais KIT-négative ; en dehors de cette indication, elle n’est actuellement pratiquée que dans le cadre de protocoles de recherche de transfert. Le diagnostic différentiel des GIST se pose essentiellement avec les autres tumeurs mésenchymateuses du tube digestif, dont les plus fréquentes sont les léiomyomes et les léiomyosarcomes, et avec les localisations digestives de certains sarcomes ; il repose sur des arguments histologiques et immunohistochimiques. L’évaluation du pronostic est essentielle : selon le concept actuel, toute GIST comporte un risque de malignité, qui peut aller de très faible à élevé ; l’évaluation de ce risque est basé sur un algorithme combinant deux paramètres simples : la taille de la tumeur et son index mitotique. Le traitement des GIST localisées repose sur leur exérèse chirurgicale, qui doit être complète ; celle des GIST non résécables ou métastatiques repose actuellement sur un traitement ciblé, utilisant un inhibiteur pharmacologique de KIT, l’imatinib. La bonne compréhension et l’utilisation correcte par les pathologistes des critères de diagnostic et de classification des GIST sont essentielles pour une prise en charge adaptée des malades atteints de ces tumeurs rares.