Points essentielsAu-dessus de 210 g par semaine,chez l’homme, de 140 g chez la femme, la consommation d’alcool représente un facteur de risque en population générale. En dehors de situations de risque spécifique (par exemple la grossesse, un traitement interférant avec l’alcool, la conduite de machines, le passé d’alcoolodépendance) où l’abstinence est recommandée, la consommation au-dessous de ces seuils (représentant respectivement 3 et 2 verres par jour en moyenne) est à faible risque. Au-dessus de ces seuils, la fréquence des pathologies secondaires (principalement cancers, troubles cardiovasculaires, neurologiques, hépatogastro-entérologiques) contribue à la réduction de l’espérance de vie chez le buveur.Le repérage précoce des consommations excessives d’alcoolest le seul moyen d’éviter la morbimortalité associée en l’absence de dépendance. Les soignants identifient encore trop souvent “problèmes liés à l’alcool” et “alcoolisme”. La moitié de la mortalité liée à l’alcool concerne pourtant des non-dépendants. Pour conseiller les consommateurs excessifs et les aider à réduire leur consommation, et le risque qui en découle, il faut les repérer précocement.L’intervention brèveest une pratique de conseil aisée à acquérir. Quand elle est pratiquée à bon escient (chez un consommateur excessif sans dépendance), une intervention brève dure 10 minutes, comprend des aspects d’information, de motivation et de conseil comportemental. Elle s’acquiert en 2 soirées, et est immédiatement transposable dans la pratique quotidienne.L’intervention brève est efficace. Une intervention brève amène une réduction de la consommation en dessous des seuils de risque dans 10 à 50 % des cas. Elle peut être pratiquée indifféremment par tout soignant formé, en soins primaires comme à l’hôpital ou en médecine de prévention.Les outils de repérage et d’intervention sont disponibles. Deux questionnaires de repérage sont validés en français, l’AUDIT (auto-questionnaire) et le FACE (hétéroquestionnaire). Les modalités et la philosophie des interventions sont définies et validées, des formations sont disponibles pour tous les soignants désirant assimiler cette pratique.Une recherche-action originaledébouchant sur un effort de santé publique inédit. L’OMS, l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie et les instances responsables de la santé publique ont porté le programme expérimental “Boire moins c’est mieux” qui avait pour objet l’adaptation des outils OMS du repérage précoce et de l’intervention brève (RPIB) aux conditions françaises d’exercice de la médecine. La recherche-action a été menée en lien étroit avec ses destinataires (en premier lieu les généralistes), elle a contribué à définir les conditions de la diffusion du RPIB en France. Ses conclusions sont aujourd’hui reprises par les autorités sanitaires pour lancer une stratégie nationale de formation.