Parasites intestinaux et sida en Haïti: faut-il déparasiter l'entourage familial?
Auteurs : Raccurt CP1, Pannier Stockman C, Eyma E, Verdier RI, Totet A, Pape JW• En Haïti, parasites intestinaux et virus de l'immunodéficience humaine (VIH) sont deux problèmes de santé majeurs. Les interactions entre ces deux entités nosologiques et l'immunité cellulaire sont fortes. Pour évaluer le risque parasitaire lié à l'entourage familial, la recherche systématique des parasites dans les selles a été conduite auprès de 90 patients VIH+ suivis à Port-au-Prince pour troubles intestinaux dus pour 62 % d'entre eux à Cryptosporidium sp. et de 123 volontaires adultes contact. Un échantillon de selles préservé dans une solution de formol à 10 % a été examiné pour la recherche des protozoaires (MIF, Ziel-Neelsen modifié, technique de fluorescence Uvibio, coloration de Weber) et des oeufs d'helminthes (technique de Bailenger). En plus des cryptosporidies, 14 espèces parasitaires ont été identifiées: 6 rhizopodes, 3 flagellés (dont Giardia duo-denalis), 1 coccidie (Cyclospord cayetanensis), 3 nématodes (dont Ascaris lumbricoides le plus fréquent) et 1 cestode (Hymenolepis nana) C'est la première fois que 5 protozoaires intestinaux (Blastocystis hominis, Entamoeba hartmanni, E. polecki, Chilomastix mesnili, Enteromonas hominis) sont signalés en Haïti. Dans ce contexte, et comme on pouvait s'y attendre, les parasites intestinaux ont été trouvés moins fréquemment chez les sujets infectés par le VIH et suivis médicalement (11,1 %) que chez les membres non infectés de la famille (41,5 %) (p = 0,0000). Dans l'entourage, le polyparasitisme intestinal (2 à 4 parasites) s'observe chez 19,5 % des sujets. Le dépistage et le traitement des parasites intestinaux des sujets vivant en contact étroit avec les patients VIH+ en Haïti et une amélioration de l'hygiène grâce à un effort d'éducation sanitaire auprès des familles sont fortement recommandés pour la préservation de leur santé.