Diversité psychopathologique dans la clinique de la plainte mnésique de l’adulte vieillissant
Auteurs : Verdon B1Des recherches montrent qu'une corrélation est fréquemment observée entre l'intensité des plaintes mnésiques et les scores obtenus à des échelles d'anxiété et de dépression. Notre propos contribue à explorer les soubassements psychopathologiques susceptibles de rendre compte de ces états de souffrance psychique qui se saisissent de l'impression de moindre efficience mnésique. Notre recherche s'appuie sur des entretiens associés à un bilan psychologique (épreuves neuropsychologiques et projectives) recueillis auprès de 31 femmes et hommes non détériorés, âgés de 53 à 85 ans, rencontrés de leur propre chef pour « bilan mémoire ». Chez les patients présentant un fonctionnement psychique névrotique, la mise en avant d'une angoisse de perdre la mémoire parle pour une reviviscence de l'angoisse de castration, celle d'être démis d'atouts qui garantissent autonomie, jugement, pouvoir de décision et d'action, mais aussi une angoisse liée au risque d'une intimité violée du fait des soins qui pourraient être prodigués, des évictions, des dépossessions, des actes maltraitants qui pourraient avoir lieu. Chez les patients présentant un fonctionnement limite, la plainte trahit une angoisse de défaut d'étayage de l'objet. Chez les patients narcissiques, le défaut mnésique sape l'illusion que le temps ne passe et n'abîme pas, que les objets ne partent ni ne meurent.