Il existe une interaction pathogénique entrePseudomonas aeruginosaetCandida albicans. Ces pathogènes opportunistes sont fréquemment isolés dans le tractus respiratoire des patients intubés et ventilés en réanimation etP. aeruginosaest la deuxième cause de pneumonie acquise sous ventilation mécanique (PAVM). In vitro,P. aeruginosaexploite à son profit les formes filamenteuses deC. albicanset exerce dessus un pouvoir fongicide limitant sa croissance chez l’hôte. De plus, ces deux pathogènes sont les plus fréquemment isolés dans les biofilms des sondes d’intubation jouant un rôle de réservoir pour ensemencer le tractus respiratoire et renforcer la résistance aux anti-infectieux. Il a été démontré dans un modèle murin l’incidence accrue de pneumonie àP. aeruginosaen cas de colonisation trachéobronchique préalable àC. albicans. Une étude multicentrique menée sur une cohorte de patients de réanimation sous ventilation mécanique a identifié la colonisation à Candida spp. comme facteur de risque de survenue de PAVM àP. aeruginosa. De plus, une étude rétrospective suggère qu’un traitement antifongique réduirait l’incidence de PAVM ou de colonisation trachéobronchique àP. aeruginosachez les patients intubés et ventilés ayant une colonisation trachéobronchique à Candida spp. Ces interactions ont des implications médicales et économiques importantes soulignant l’intérêt de mener conjointement : (i) des études expérimentales afin de préciser les modalités d’interactions et de mieux comprendre les mécanismes régissant la survenue de ces infections opportunistes ; (ii) des études cliniques prospectives confirmant l’association préférentielle et évaluant l’intérêt d’un traitement antifongique chez les patients de réanimation pour diminuer l’incidence de PAVM àP. aeruginosa.