Le terme d'orage rythmique désigne la survenue répétée d'arythmies ventriculaires graves nécessitant de multiples cardioversions, deux ou plus ou trois ou plus selon les études. Le tableau peut parfois revêtir l'aspect d'un état de mal rythmique auto-aggravatif mettant en jeu le pronostic vital. Les trois circonstances cliniques principales de survenue sont les porteurs de défibrillateur, l'infarctus du myocarde au stade aigu et le syndrome de Brugada. Ce trouble concerne environ 10 à 15 % des patients porteurs de défibrillateur sur deux ans. L'arythmie causale est plus fréquemment une tachycardie ventriculaire qu'une fibrillation, surtout en prévention secondaire et quand l'arythmie initiale était une tachycardie ventriculaire. On relève dans un tiers des cas l'existence de facteurs précipitants (poussée d'insuffisance cardiaque, désordres ioniques, subtances arythmogènes) ; parmi les facteurs prédictifs, on relève l'âge, la fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 35 %, l'insuffisance rénale. La réduction de l'arythmie est faite par choc électrique dans la moitié des cas, par stimulation antitachycardique dans 30 % des cas et par association des deux thérapies dans 20 %. Le traitement, après avoir éliminé les chocs inappropriés, fait appel aux bêtabloquants et à l'amiodarone en premier lieu, dans certains cas aux anti-arythmiques de classe I, à la lidocaïne, au brétylium, à la sédation éventuellement jusqu'à l'anesthésie générale ; l'ablation par radiofréquence, voire la transplantation cardiaque, ont pu être proposés dans les cas extrêmes. La quinidine s'est montrée efficace au cours du syndrome de Brugada.