Enquête de prévalence et des pratiques de prise en charge des plaies chroniques dans 14 établissements gériatriques du Haut-Rhin.
Auteurs : Caron-Mazet J1, Roth B, Guillaume JCIntroduction. Nous avons, par une enquête, évalué la prévalence et les pratiques de prise en charge des plaies chroniques dans 14 établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR) et soins de longue durée (SLD) du Haut-Rhin et apprécié l'intérêt des médecins et du personnel infirmier quant à la création d'une « Équipe Mobile Plaies et Cicatrisation » (EMPC). Méthodes. Notre enquête, anonyme et de type transversal, s'appuyait sur les résultats de deux questionnaires, l'un concernant le malade, l'autre le personnel médical et infirmier. Résultats. Quatre-vingt-seize malades sur les 1 163 hospitalisés au moment de notre enquête répondaient aux critères d'inclusion. La prévalence globale des plaies était de 8,3 p. 100, celle des escarres 6,4 p. 100 et celle des ulcères de jambe 1,6 p. 100. Aucun cas de plaie sur pied diabétique n'a été recensé. La population étudiée se caractérisait par un sex-ratio H/F de 0,37, une moyenne d'âge de 86 ans pour les femmes et 76 ans pour les hommes. La durée d'évolution moyenne des escarres était de 6 mois et de 14 mois pour les ulcères de jambe avec une récidive dans 36 p. 100 des cas d'escarres et 52,6 p. 100 des cas d'ulcères de jambe. L'étiologie des ulcères n'était pas définie dans près de la moitié des cas. Des prélèvements bactériologiques avaient été effectués dans sept cas. Le nettoyage des plaies se faisait le plus souvent avec du savon et du sérum physiologique. Une détersion mécanique avait été pratiquée dans quatre cas. Les hydrocolloïdes étaient les pansements les plus prescrits dans la prise en charge des escarres, alors que les interfaces étaient les plus utilisées pour les ulcères de jambe. Aucune prescription d'antibiotique topique n'a été relevée. Une échelle d'évaluation de la douleur n'avait été utilisée que dans 18 cas, et une anesthésie de surface dans un cas, avant la détersion d'un ulcère de jambe. Une échelle d'évaluation du risque d'escarre avait été remplie pour 27 des 75 malades atteints d'escarres et deux tiers d'entre eux étaient alités sur des matelas de type préventif. Douze des 19 malades atteints d'ulcères de jambe portaient des bandes de compression quotidiennement. La majorité des médecins jugeait bonnes ses connaissances dans le domaine des plaies chroniques, contrairement aux infirmiers qui dans 72 p. 100 des cas les estimaient moyennes voire insuffisantes. Tout le personnel infirmier et 11 des 13 médecins étaient intéressés par la venue d'une équipe spécialisée pour les cas difficiles. Discussion. Les principales pratiques en adéquation avec les recommandations étaient l'emploi de pansements modernes, bien que leur renouvellement semble trop fréquent, l'utilisation anecdotique de solutions antiseptiques, l'abandon des antibiotiques topiques, la réalisation d'un bilan nutritionnel. Deux tiers des malades atteints d'ulcère de jambe portaient des bandes de compression. En revanche, l'application d'anesthésiant de surface, la détersion manuelle, l'utilisation de grilles d'évaluation de la douleur et du risque d'escarre, la réalisation du bilan étiologique des ulcères de jambes restent à optimiser. Conclusion. Cette enquête, menée préalablement à la création d'une « Équipe Mobile Plaies et Cicatrisations » basée aux Hôpitaux Civils de Colmar, a pu mettre en évidence la forte motivation des médecins et du personnel infirmier pour bénéficier d'une formation spécifique ainsi que de conseils pratiques pour la prise en charge des plaies chroniques.