IntroductionLes particularités de la pratique dermatologique sur peau foncée (phototypes V et VI) et les éventuels besoins spécifiques des sujets d’origine africaine ou antillaise consultant en dermatologie sont rarement étudiés en France métropolitaine.ObjectifsIdentifier les principaux motifs pour lesquels les sujets d’origine africaine ou antillaise et de phototype V à VI consultent en dermatologie dans la région parisienne.MéthodesIl s’agissait d’une étude prospective réalisée entre le 15 février 2004 et le 15 mai 2004. Les diagnostics correspondant aux motifs de consultation de tous les malades d’origine africaine ou antillaise et de phototype V à VI ont été relevés par dix dermatologues exerçant dans 14 centres de la région parisienne.LimitesLa méthode employée n’autorisait pas de conclusion sur la fréquence des affections dans la population générale ni de comparaison directe entre populations de phototypes différents. L’absence de critère précis pour définir la couleur de peau et l’absence de liste de diagnostics préétablie laissaient une marge d’interprétation à chaque praticien.RésultatsChez 836 adultes et 228 enfants (originaires pour moitié d’Afrique et moitié des Antilles), l’acné représentait 29,2 % des diagnostics chez les adultes et 13,2 % chez les enfants ; les eczémas 6,8 % des diagnostics chez les adultes et 27,2 % chez les enfants. Parmi les dermatoses plus spécifiques aux sujets de peau noire, les affections du cuir chevelu étaient fréquemment observées aussi bien chez l’adulte (alopécies : 7 % des diagnostics) que chez l’enfant (teigne : 9,6 % et alopécies : 3,6 % des diagnostics). Les dyschromies étaient également fréquentes, représentant au moins 25 % des motifs de consultation. Des signes cliniques évocateurs de dépigmentation volontaire étaient trouvés chez 95 malades.CommentairesEn France, comme dans d’autres pays industrialisés, les sujets noirs consultent en dermatologie essentiellement pour des dermatoses communes et cosmopolites que l’on observe également chez les sujets à peau claire. Toutefois, certains problèmes spécifiques comme la prédominance de la présentation dyschromique de nombreuses dermatoses, les pathologies pilaires et les effets secondaires de la dépigmentation volontaire doivent être soulignés.