Bien qu’un certain nombre de questions reste encore sans réponse, des recommandations concernant l’utilisation des curares en réanimation peuvent être formulées. L’utilisation d’un curare lors de la réalisation de gestes diagnostiques ou thérapeutiques de courte durée pourrait limiter les conséquences hémodynamiques d’un approfondissement transitoire de la sédation. Il est alors impératif dans cette situation de vérifier qu’une ventilation en mode contrôlé est bien instaurée le temps de la curarisation. Chez les patients en syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), une curarisation profonde (deux réponses au train de quatre au sourcilier) au cours des 48 premières heures de prise en charge est bénéfique en terme d’oxygénation systémique, y compris chez les patients déjà adaptés à leur ventilateur. Le cisatracurium, en raison de ses propriétés pharmacocinétiques, est la molécule à utiliser dans ce contexte. Le monitorage de la curarisation par train de quatre au sourcilier (ou éventuellement à l’adducteur du pouce) doit être systématique et régulier. Une décurarisation quotidienne, lorsqu’elle est possible d’un point de vue médical, permet de s’assurer d’une profondeur suffisante de la sédation sous-jacente. Chez les patients traumatisés crâniens graves, une curarisation peut s’envisager en cas d’adaptation difficile des patients à leurs ventilateurs ou d’incapacité à maintenir ces patients en normothermie, voire à les mettre transitoirement en hypothermie modérée. Aucune donnée ne permet néanmoins de rationaliser ces indications dans ce contexte particulier.