IntroductionNous rapportons 23 cas de manifestations neurologiques survenues en phase aiguë d’une infection par le virus Chikungunya au cours de l’épidémie survenue de mars 2005 à avril 2006 dans l’océan Indien. Les symptômes neurologiques constituaient le motif d’hospitalisation dans notre service, le plus souvent via les urgences.ObservationsVingt-trois patients présentaient, à la phase aiguë de leur infection, une symptomatologie neurologique associée à la positivité des IgM spécifiques et/ou de la RT-PCR dans le LCR. Ces manifestations comportaient des troubles de la vigilance ou du comportement dans 95 % des cas, des céphalées dans 30,4 %, une comitialité chez environ 26 %, un déficit moteur chez 4,3 % et sensitif chez 8,7 %. Deux décès sont survenus en cours d’hospitalisation et trois à distance chez des patients grabataires et porteurs de pathologies associées. La composition cytochimique du LCR était parfois, mais non toujours, discrètement inflammatoire. L’imagerie cérébrale, TDM ou IRM, quand réalisée, ne retrouvait aucune anomalie récente. L’EEG témoignait d’une souffrance diffuse modérée banale mais ne comportait pas de figure pseudopériodique ni d’élément inhabituel. Quelques tracés épileptiques ont été enregistrés chez des patients comitiaux connus. L’évolution des symptômes neurologiques était le plus souvent rapidement favorable, en quelques jours, contrastant avec la persistance prolongée de l’altération de l’état général et des douleurs articulaires conduisant parfois à la grabatarisation et dans trois cas au décès.ConclusionL’atteinte du système nerveux a pu être observée de façon non exceptionnelle au cours de l’épidémie de chikungunya survenue à la Réunion en 2005 et 2006. Elle se traduit le plus souvent par un tableau de confusion modérée survenant en phase aiguë de l’infection. Une atteinte du système nerveux périphérique sous la forme d’un syndrome de Guillain Barré classique est également décrite. L’évolution de ces manifestations neurologiques fut très favorable. Les décès survenus en phase précoce ou à distance (cinq sur 23 patients) sont imputables à la détérioration de l’état général et à la grabatarisation de patients âgés et débilités.