La manie unipolaire est une réalité clinique dans notre pratique quotidienne, voire une forme prédominante d’expression de la bipolarité.Nous nous sommes interrogés quant à sa place nosographique. Notre étude rétrospective a porté sur des patients bipolaires de type I (DSM-IV) hospitalisés la première fois entre 1997 et 2001, suivis pendant au moins cinq ans. Parmi eux, nous avons individualisé le groupe des patients ayant présenté au moins deux épisodes maniaques en l’absence d’épisode dépressif, nommé « manies unipolaires ». Nous avons comparé ce groupe au reste de l’échantillon.Les manies unipolaires représentaient 65,3 % de l’échantillon. Les deux groupes étaient comparables au niveau des paramètres sociodémographiques. La consommation de toxiques était deux fois plus importante chez les maniaques bipolaires. L’âge de début était plus précoce chez les unipolaires. Une différence significative entre les deux groupes est retrouvée quant à la saison du premier épisode, « été–automne » dans le groupe 1, « hiver–printemps » dans le groupe 2. Quant aux variables évolutives, nous n’avons pas objectivé de divergence au sein de l’échantillon entre les deux groupes. À la lumière de cette étude et après revue de la littérature, bien qu’elle apparaisse comme une variante clinique du trouble bipolaire, se distinguant par certaines caractéristiques, la manie unipolaire n’en demeure pas moins une entité contestée car reposant sur des données méthodologiquement insatisfaisantes.