Urgences cardiovasculaires en Afrique subsaharienne.
Auteurs : Bertrand E1, Muna WF, Diouf SM, Ekra A, Kane A, Kingue S, Kombila P, Mbaissoroum M, Niakara A, Ould Eba A, Sidi Al AO, Yapobi Y, Group Urgences Cardiovascularires en Afrique SubsaharienneLa prévalence croissante des maladies cardiovasculaires en Afrique subsaharienne et la morbi-mortalité qui en résultent ont été établies. Beaucoup de ces affections se présentent comme des urgences. Le but de cette première étude multicentrique subsaharienne est d'évaluer les causes, les prises en charge et l'évolution des urgences cardiovasculaires dans l'environnement africain. Méthodes. Un total de 665 patients ont été inclus dans sept centres participants dans sept pays différents : 417 en zone de savane (Dakar, Nouakchott, Ouagadougou, N'Djamena) et 248 en zone de forêt (Abidjan, Libreville, Yaoundé). Les patients ont été examinés par un ou plusieurs cardiologues expérimentés. L'analyse statistique a été faite par le département d'informatique médicale de l'hôpital Nord de Marseille. Résultats. Il y avait plus d'hommes (53,4 %) que de femmes (46,6 %), et 77,7 % des patients habitaient en zone urbaine. La plupart d'entre eux étaient d'un niveau socio-économique bas ou très bas. Le transport des patients à l'hôpital a été fait en ambulance dans seulement 6,2 % des cas. Les autres sont venus à l'hôpital en bus, en voiture personnelle, à bicyclette ou à pied. Le délai moyen entre le début des symptômes et l'arrivée à l'hôpital a été de 6,8 jours. Trois causes immédiates des urgences étaient prépondérantes : hypertension sévère (32,2 %), insuffisance cardiaque NYHA IV (27,5 %) et accident cérébrovasculaire (20,3 %). Les affections sous-jacentes étaient surtout : hypertension chronique (52,3 %), cardiomyopathies (20,6 %) et maladies valvulaires (11,1 %). Les maladies coronaires étaient plus rares (6,1 %). La mortalité a été de 21,2 % sans différence entre les groupes d'âge. Les urgences les plus souvent mortelles ont été les accidents vasculaires cérébraux (31,9 %), les collapsus (18,4 %) et les embolies pulmonaires (9,2 %). Les patients observés en zone de savane étaient plus jeunes, en classe socio-économique moins basse (basse ou moyenne). L'hypertension était plus fréquente en zone de forêt. Les valvulopathies étaient plus fréquentes en zone de savane. Les cardiomyopathies étaient observées également dans les deux zones. La maladie coronaire a semblé plus fréquente en savane. Discussion. Comparés aux patients occidentaux, les patients africains sont plus jeunes, notamment à cause de maladies comme le rhumatisme articulaire aigu ou les cardiomyopathies infectieuses ou du post-partum. Les difficultés d'accès aux soins sont une des causes d'une mortalité élevée. L'hypertension et les valvulopathies rhumatismales devraient avoir une priorité dans la prévention. Les causes des cardiomyopathies doivent être étudiées. Enfin, la prise en charge des urgences cardiovasculaires mérite une attention spéciale en raison de leur fréquence croissante et de leur gravité.