IntroductionL’hypokératose palmaire ou plantaire circonscrite est une entité nouvelle, caractérisée en 2002. Il s’agit d’une lésion arrondie résultant d’une diminution majeure d’épaisseur de la couche cornée, d’évolution chronique et posant un problème de diagnostic différentiel avec la maladie de Bowen ou la porokératose. Nous présentons deux cas de cette affection, l’un plantaire et l’autre dans une localisation inédite au dos d’un doigt, accompagnés d’une étude microscopique et immunohistochimique.ObservationsCas 1. Un homme de 65 ans présentait une lésion érythémateuse arrondie de 1,5 cm de diamètre sur le bord interne du pied gauche, entourée d’un bourrelet kératosique. Cette lésion avait déjà été biopsiée 15 ans auparavant et interprétée alors comme une kératolyse ponctuée ; elle était restée inchangée depuis. La relecture montrait en fait une diminution brusque d’épaisseur de la couche cornée, avec au centre une acanthose modérée et une dilatation des vaisseaux papillaires. Un immunomarquage des papillomavirus humains (PVH) était négatif.Cas 2. Une femme de 75 ans avait une lésion chronique arrondie du dos de l’index droit, inchangée depuis plusieurs mois. Après une première biopsie montrant des cellules claires, elle était traitée sans succès par cryothérapie, 5-fluoro-uracile et imiquimod. Une deuxième biopsie montrait une brusque diminution d’épaisseur de la couche cornée, surmontant un épiderme acanthosique contenant des cellules claires. Le marquage PVH était négatif et le taux de prolifération des cellules basales plutôt inférieur à la peau saine, après immunomarquage utilisant l’anticorps Ki67.DiscussionNotre premier cas constitue un exemple caractéristique de l’hypokératose circonscrite : longue durée d’évolution, séméiologie typique, anomalie très limitée de la couche cornée. Au contraire, le cas no 2 illustre une forme originale, non palmaire ni plantaire, plaidant en faveur de l’appellation, plus exacte d’hypokératose acrale circonscrite. Nous n’avons trouvé aucun argument en faveur d’une cause virale ou d’une prolifération anormale des kératinocytes. Comme souvent dans les cas publiés, les traitements locaux se sont révélés inefficaces. La chronicité de cette hypokératose, avec évolution de plusieurs dizaines d’année, démontre sa bénignité, la physiopathologie de cette anomalie épidermique restant toutefois mystérieuse.