Le syndrome de Mendelson est une complication majeure de la pratique de l’anesthésie. Le présent article présente les données détaillées concernant ce syndrome obtenues au cours de l’étude réalisée conjointement par la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) et le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC) sur la mortalité anesthésique. Les méthodes et les principaux résultats des deux enquêtes ont été préalablement publiés. Brièvement, la première enquête (1996) a permis d’estimer le nombre annuel et les caractéristiques des anesthésies réalisées en France (dénominateur). La seconde enquête a consisté à recueillir des informations à partir des certificats de décès de l’année 1999 (numérateur). Après une analyse globale des décès en rapport avec l’anesthésie, une investigation complémentaire a été menée pour étudier en détail les décès en rapport avec un syndrome de Mendelson. Quatre-vingt-trois décès ont été rapportés à un syndrome de Mendelson, soit un cinquième des décès totalement ou partiellement imputables à l’anesthésie pour un taux annuel d’un pour 221 368 anesthésies générales, soit 4,5 × 10−6(IC 95 % : 0,8 × 10−6–14 × 10−6). Il s’agissait de patients dans un état clinique grave (ASA ≥ 3 : 92 %), très âgés et souvent opérés dans un contexte d’urgence digestive. Deux décès sont survenus à l’occasion d’une coloscopie et aucun en situation obstétricale. L’inhalation est survenue à l’induction dans tous les cas, sauf un. L’analyse des pratiques retrouve une non-conformité aux règles dans la presque totalité des cas. Les anesthésistes–réanimateurs français doivent s’engager de façon volontariste dans des actions de formation médicale continue sur ce thème, de façon à optimiser leurs pratiques.