Objectif de l’étudeDécrire rétrospectivement la survie globale, la survie spécifique et le contrôle tumoral dans une série homogène de patients atteints d’un carcinome du canal anal traité par irradiation à visée curative ; analyser l’impact de la curiethérapie, de la chimiothérapie et d’une résection chirurgicale préalable sur le risque de rechute.Patients et méthodesDe 1997 à 2007, 57 patients atteints d’un carcinome épidermoïde du canal anal classé T1 pour 14, T2 pour 33, T3-4 pour dix, N0 pour 31, N1 pour 19, N2 pour trois, N3 pour quatre, M0 pour tous ont été traités par irradiation à visée curative par le même oncologue. Le traitement comportait une irradiation externe du pelvis postérieur de 45 Gy en 25 fractions puis six semaines plus tard une curiethérapie interstitielle (37/57) ou un complément de radiothérapie externe (20/57). Chez 12 patients, une résection chirurgicale avait été réalisée avant la radiothérapie. La radiothérapie externe a été effectuée avec unbelly boardchez 13 patients. Une chimiothérapie concomitante à base de cisplatine a été délivrée chez 42 patients. Le recul moyen était de 57 mois.RésultatsLe taux de survie globale à cinq ans était de 89 % et celui de survie spécifique de 96 %. Cinq tumeurs ont rechuté (12 % à cinq ans), quatre localement (10 % à cinq ans), quatre dans les ganglions inguinaux, deux sous forme métastatique. En analyse unifactorielle, le taux de rechute a été plus grand chez les patients ayant eu une résection chirurgicale préalable (p = 0,018), chez ceux n’ayant pas reçu de chimiothérapie (p = 0,076), et chez ceux irradiés sur unbelly board(p = 0,049). En analyse multifactorille, l’impact défavorable de la résection chirurgicale était à la limite de la signification statistique (p = 0,084), l’utilisation du belly board (p = 0,13) étant plus marginale.ConclusionLa radiothérapie et l’association de radiothérapie et de chimiothérapie à base de cisplatine permettent de guérir la plupart des patients atteints de carcinome épidermoïde du canal anal. Des facteurs thérapeutiques interférant avec la définition du volume-cible ou avec le repositionnement peuvent diminuer l’efficacité de l’irradiation. La résection chirurgicale devrait être évitée.