IntroductionLe voriconazole est un antifongique systémique qui peut engendrer un tableau de photosensibilité cutanée très évocateur de porphyrie cutanée tardive (PCT), mais sans élévation des taux de porphyrines. À cet effet secondaire s’associe souvent une chéilite sèche, attribuée à une interférence avec le métabolisme des rétinoïdes endogènes. Nous rapportons le cas d’un malade qui a développé à la fois une chéilite et une authentique PCT peu après l’introduction d’un traitement par voriconazole.ObservationUn homme de 65 ans, éthylique sevré, présentait un tableau typique de PCT associé à une chéilite sèche. Les symptômes étaient apparus 12 jours après le début du traitement d’une aspergillose pulmonaire par le voriconazole. Les examens biologiques confirmaient une authentique PCT dans sa forme sporadique. L’ensemble des lésions disparaissait en deux semaines après remplacement du voriconazole par l’itraconazole, mais il persistait un certain degré de photosensibilité et de fragilité cutanée ; un traitement par saignées était finalement suivi d’une rémission clinique complète.DiscussionCe malade a présenté à la fois une chéilite secondaire à la prise de voriconazole et une authentique PCT apparemment révélée par le même médicament. Le mécanisme par lequel le voriconazole a pu précipiter la PCT reste hypothétique : baisse d’activité de l’uroporphyrinogène décarboxylase hépatique ou potentialisation de la phototoxicité cutanée des porphyrines par la toxicité cutanée du voriconazole ?ConclusionEn pratique, la constatation d’un tableau clinique évocateur de pseudo-PCT chez un malade sous voriconazole rend indispensable la recherche d’une authentique PCT, même en présence d’une chéilite.