Le tamoxifène est une prodrogue métabolisée principalement par le cytochrome CYP2D6. Il existe plus de 80 variants décrits pour le gèneCYP2D6qui aboutissent à quatre phénotypes enzymatiques différents, allant d’une activité nulle à une activité augmentée, en passant par une activité normale ou diminuée. Il existe actuellement six études rétrospectives suggérant un lien entre certains polymorphismes du CYP2D6 et l’efficacité du tamoxifène et deux études contradictoires n’ayant pas retrouvé de lien significatif. Le niveau de preuve est donc encore insuffisant pour recommander la détermination du génotype d’une patiente avant prescription de tamoxifène. Le développement d’essais prospectifs est nécessaire avant d’envisager des stratégies de prescription intégrant les données de pharmacogénétique. Les perspectives en situation adjuvante sont multiples, basées sur le statut hormonal et enzymatique des patientes. Chez les patientes non ménopausées, une augmentation de posologie de tamoxifène ou un traitement associant analogue de la LH-RH et inhibiteur de l’aromatase (IA) pourrait être plus efficace chez les patientes à activité enzymatique nulle ou diminuée qu’un traitement par cinq ans de tamoxifène. Parmi les patientes ménopausées, celles ayant une activité enzymatique normale pourraient bénéficier autant d’un traitement par tamoxifène que par IA. Chez les femmes ménopausées à activité métabolique nulle ou diminuée, un traitement hormonal séquentiel serait peut-être moins efficace qu’un traitement par IA en continu sur cinq ans qui serait alors le traitement standard à proposer.