IntroductionL’œdème aigu scrotal idiopathique (OASI) touche préférentiellement les enfants âgés de cinq à dix ans. C’est une dermatose bénigne d’évolution spontanément favorable mais qui conduit dans certains cas à une exploration chirurgicale afin d’éliminer une torsion testiculaire. L’étude d’une série rétrospective de dix enfants ayant développé un OASI nous permet de rappeler les particularités de cette affection dermatologique bien connue des chirurgiens pédiatriques, mais pour laquelle on ne trouve qu’une seule publication dans la littérature dermatologique.Malades et méthodesÉtude rétrospective de tous les dossiers d’enfants vus dans le service de chirurgie pédiatrique du CHU de Reims entre 1996 et 2008 pour œdème aigu scrotal. Le diagnostic d’OASI était retenu sur des critères cliniques après élimination des diagnostics différentiels possibles. Les données démographiques, cliniques et paracliniques étaient recueillies à partir des dossiers. L’évolution à long terme était précisée par contact téléphonique.RésultatsSur 185 dossiers de pathologie scrotale aiguë, dix cas d’OASI (5,4 %) ont été retenus. L’âge moyen du premier épisode était de six ans (extrêmes : trois à 12 ans). L’œdème était unilatéral dans huit cas et bilatéral dans deux cas ; il s’étendait vers les plis inguinaux, le périnée ou la fesse homolatérale dans trois cas, et à la verge dans un cas. La peau en regard était érythémateuse et peu inflammatoire, sauf dans un cas. Une douleur scrotale sans point précis à la palpation était signalée dans neuf cas. L’état général était toujours conservé et aucun enfant ne présentait de signes associés. La leucocytose était comprise entre 7000 et 12 000 par millimètre cube, sans polynucléose neutrophile ni syndrome inflammatoire ; dans trois cas, on notait une hyperéosinophilie comprise entre 700 et 2300 par millimètre cube. Deux patients ont eu une exploration chirurgicale pour écarter une torsion du cordon ; une échographie-Doppler réalisée chez les huit autres a permis d’éviter l’intervention dans six cas. Dans tous les cas, l’évolution a été rapidement favorable en deux à trois jours, sans séquelles. Cinq enfants ont eu au total 21 récidives (trois à huit chacun) pendant une durée maximale de 12 ans.DiscussionLes caractéristiques cliniques de nos patients sont parfaitement en accord avec les descriptions de la littérature. Le problème majeur de l’OASI est son diagnostic différentiel ; de ce point de vue, l’échographie-Doppler est parfois utile en permettant d’éviter une exploration chirurgicale à la recherche d’une torsion testiculaire. Le traitement est basé sur le repos au lit et les antalgiques si besoin ; l’évolution est rapidement favorable en deux à trois jours, mais des récidives surviennent dans au moins 20 % des cas, plus fréquentes et plus nombreuses dans notre série. L’étiopathogénie reste discutée.ConclusionLa reconnaissance d’un OASI, entité diagnostique méconnue et pourtant assez stéréotypée, est utile afin d’éviter des traitements médicaux et surtout une exploration chirurgicale inutiles.