La toxine botulique (TB) injectée en intramusculaire induit une atrophie et un déficit musculaires en bloquant l’exocytose de l’acétylcholine à la jonction neuromusculaire. Indépendamment de cet effet myorelaxant, de nombreuses observations cliniques suggèrent par ailleurs un effet antalgique propre de la TB. Les données les plus solides concernent la douleur neuropathique (DN) d’origine périphérique, la TB étant administrée en une session de multiples injections sous-cutanées réparties sur l’ensemble de la zone douloureuse. Dans les DN par lésion nerveuse, de nombreuses études chez l’animal ont montré des résultats concordants. La seule étude contrôlée chez l’homme a montré un effet antalgique prolongé (plusieurs mois) après une session de multiples injections sous-cutanées réparties sur la zone douloureuse. La tolérance était excellente. Plus récemment, deux études sur des modèles expérimentaux de neuropathie douloureuse chez le rat et une étude contrôlée chez des patients atteints de neuropathie diabétique douloureuse ont montré des résultats tout à fait superposables en termes d’efficacité, de durée d’action et de tolérance. Le mécanisme d’action supposé est l’inhibition de l’inflammation neurogène par blocage de la libération de neuropeptides vasoactifs et de l’expression exocytotique du récepteur à la capsaïcine TRPV1. La place d’une éventuelle action centrale reste à déterminer. Ainsi, la TB peut désormais être considérée comme un traitement prometteur dans les douleurs neuropathiques périphériques. Son efficacité mériterait d’être testée dans la douleur des neuropathies à petites fibres. Enfin, la TB pourrait aussi constituer un moyen de choix pour explorer les mécanismes moléculaires périphériques de la douleur rencontrée dans ces neuropathies.