L’immunoprophylaxie préventive anti-RH1 (anti-D) a permis une diminution de la fréquence de la maladie hémolytique du nouveau-né due à l’allo-immunisation fœto-maternelle anti-RH1. Mais parallèlement, les cas d’allo-immunisation non-RH1, dont les plus fréquentes sont les anti-RH4 (anti-c), les anti-RH3 (anti-E) et les anti-Kell, ont augmenté en nombre relatif et absolu. On trouve dans 8 à 14 % des cas des anticorps ayant plus d’une spécificité, la combinaison la plus fréquente étant l’association anti-RH3, 4 (anti-E et anti-c). Cependant, peu de cas d’allo-immunisation anti-RH3, 4 ont été rapportés dans la littérature et il existe un biais de publication en faveur des formes les plus sévères. Nous rapportons ici le cas d’une allo-immunisation anti-RH3, 4 diagnostiquée pendant la grossesse, compliquée d’un ictère néonatal d’apparition précoce et prolongé. Bien qu’il n’y ait pas eu de syndrome anémique à la naissance, une anémie régénérative profonde s’était constituée progressivement avec un nadir à 7,8 g/dL à un mois de vie. Cette anémie sans nécessité transfusionnelle avait perduré durant les 3 premiers mois de vie. Il s’agit donc d’un cas d’allo-immunisation materno-fœtale non-RH1, donc plus rare, modérée, à retentissement exclusivement néonatal qui montre la nécessité d’une anticipation et d’une organisation de la naissance en milieu pédiatrique et transfusionnel adapté, ainsi que d’une surveillance pédiatrique rigoureuse et prolongée de ces enfants. Ce cas souligne également l’importance des recherches d’agglutinines irrégulières (RAI) chez la femme enceinte même RH1-positive, et en cas de présences d’agglutinines, de leur identification et titrage. Il rappelle la nécessité d’une coopération étroite entre les équipes obstétricales, pédiatriques et immuno-hématologique dans le cadre des incompatibilités érythrocytaires fœto-maternelles, qui ont bénéficié d’avancées techniques récentes (génotypage de groupe sanguin fœtal et surveillance de l’anémie fœtale non invasifs).