La prise en charge des complications du traitement des maladies oncologiques relève de la prévention tertiaire. La considération de ces aspects est essentielle dans le cas du traitement du cancer de prostate localisé ; en effet, le pronostic globalement favorable de ces tumeurs suite à un traitement adapté est à mettre en balance des effets secondaires, qui altèrent la qualité de vie des patients. Les traitements du cancer de prostate localisé (chirurgie par prostatectomie totale, curiethérapie, radiothérapie, traitement hormonal) sont pourvoyeurs de deux types d'effets secondaires : vésicosphinctériens d'une part et génitosexuels d'autre part. Les complications vésicosphinctériennes sont l'incontinence urinaire d'effort (le plus souvent après chirurgie radicale), les troubles irritatifs et de stockage des urines ainsi que les troubles obstructifs (survenant le plus souvent après irradiation). L'incontinence urinaire d'effort peut être traitée par mesures conservatrices (réduction pelvipérinéale), et en cas d'échec par des traitements chirurgicaux efficaces si les troubles persistent après un an (injections périurétrales, ballonnets latéro-urétraux, bandelettes sous-urétrales [BSU], sphincter urinaire artificiel). Les troubles irritatifs relèvent d'un traitement médicamenteux, notamment les anticholinergiques. Les troubles obstructifs sont traités par alphabloquants, autosondages, voire chirurgie. Les complications génito-urinaires surviennent après tout type de traitement et sont dominées par la dysfonction érectile, mais comprennent également les douleurs pelviennes, les troubles de l'orgasme et de la sexualité, et la rétraction de verge. Les travaux disponibles font état de l'efficacité des traitements médicamenteux (inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 [IPDE5]), des moyens physiques (vacuum) et de la chirurgie par prothèse pénienne. Les travaux récents suggèrent l'importance de la réhabilitation pénienne très tôt dans la prise en charge avec un versant préventif. Bien que souvent associées, les complications vésicosphinctériennes et génito-urinaires du traitement du cancer de prostate localisé sont souvent traitées de façon cloisonnée. En pratique comme en recherche clinique, des travaux concernant la prise en charge globale de ces séquelles seraient utiles. Les thérapeutiques émergentes dans l'incontinence urinaire (ballonnets, bandelettes rétro-urétrales) et la dysfonction érectile (notamment concernant la rétraction de verge, l'utilisation optimale des IPDE5 et la réhabilitation pénienne) devraient élargir l'arsenal thérapeutique dans un avenir proche et améliorer la prise en charge globale des patients atteints d'un cancer de prostate.